Sommet sur la faim - Pas d'avancées prévues pour le milliard de personnes sous-alimentées

Rome — Le sommet de la FAO prévu du 16 au 18 novembre à Rome ne devrait pas déboucher sur de véritables avancées dans la lutte contre la faim dans le monde, qui compte aujourd'hui plus d'un milliard de personnes souffrant de ce fléau.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture espérait que les chefs d'État et de gouvernement s'engageraient fermement à cette occasion à consacrer 44 milliards de dollars à l'aide aux pays incapables de se nourrir. Mais, sur la base du projet de déclaration finale dont Reuters a obtenu une copie, les participants se contenteront d'une promesse très générale d'injecter plus d'argent dans l'essor de l'agriculture, en passant sous silence une proposition visant à éradiquer la faim d'ici 2025.«Nous nous engageons à agir dans le but d'éradiquer de manière durable la faim dans les délais les plus rapides», lit-on dans ce texte qui, sauf amendements de dernière minute, doit être adopté lors de la première journée du sommet.
Pour des ONG, la réunion de Rome prend des allures de rendez-vous manqué avant même son ouverture. «La déclaration n'est qu'une resucée d'anciennes platitudes», estime sévèrement Francisco Sarmento, coordinateur d'ActionAid pour le droit alimentaire.
La pénurie alimentaire et la malnutrition figurent en bonne place dans les préoccupations des dirigeants politiques de la planète depuis que la flambée des cours des denrées alimentaires l'an dernier a provoqué des émeutes de la faim dans une soixantaine de pays.
En juillet, les dirigeants du G8 s'étaient engagés à allouer 20 milliards sur trois ans pour l'aide aux agriculteurs des pays pauvres. Cette décision marquait l'abandon de la politique traditionnelle d'aide alimentaire d'urgence et l'ébauche d'une stratégie à long terme.
La FAO avait cru pouvoir capitaliser sur cet élan, espérant que les dirigeants de la planète s'engageraient à faire passer de cinq à 17 % la proportion de leur aide publique au développement consacrée à l'agriculture, comme c'était le cas dans les années 1980. Cela correspondrait à une enveloppe d'environ 44 milliards de dollars par an, contre 7,9 milliards aujourd'hui.
Des absents
Depuis la flambée des prix de 2008, les cours des denrées alimentaires de première nécessité comme le riz, le maïs et le blé ont baissé. Mais dans les pays en développement, ils demeurent à un niveau élevé et pour plusieurs experts, de nouvelles hausses semblent inévitables.
D'après la FAO, le nombre de personnes souffrant de la faim cette année dans le monde a grimpé à 1,02 milliard, soit 100 millions de plus qu'en 2008, pour s'établir à un niveau jamais atteint.
«Ce fléau n'est pas seulement un scandale moral et une absurdité économique. Il constitue une menace pour la paix et la sécurité du monde», a mis en garde cette semaine le Sénégalais Jacques Diouf, directeur général de la FAO. «Ceux qui souffrent de la faim représentent une grave source potentielle de conflit et de migration forcée», a-t-il dit à la presse.
La plupart des dirigeants des pays du G8 seront absents à Rome. Les États-Unis, premier pays donateur d'aide alimentaire au monde, ne seront représentés que par le directeur par intérim de l'Usaid, alors même que le président Barack Obama a fait de la lutte contre la faim dans le monde l'une de ses priorités.