Pillage du musée de Bagdad - Le conseiller culturel de Bush claque la porte

Washington - Le président du comité consultatif présidentiel pour les affaires culturelles, Martin Sullivan, a démissionné pour protester contre le pillage du musée de Bagdad, a-t-on appris hier auprès de ce comité.

Selon des sources proches du comité s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, un autre membre, Gary Vikan, a également démissionné et plusieurs autres pourraient prochainement quitter leurs fonctions.

Ce comité consultatif est chargé de conseiller le président Bush en matière de politique et d'initiatives culturelles. Il est composé d'experts et de professionnels du milieu de l'art.

Dans sa lettre de démission datée du 14 avril, dont une copie a été obtenue par l'AFP, Martin Sullivan affirme que le pillage et le saccage du musée de Bagdad est «une tragédie qui était prévisible et que l'on pouvait empêcher». «Cette tragédie n'a pas été empêchée en raison de l'inaction de notre pays», affirme-t-il. «En dernier lieu, alors que la perte de collections irremplaçables est une tragédie, elle n'est rien en comparaison des souffrances humaines et des ravages économiques qui sont la conséquence directe d'une guerre préventive lancée par les États-Unis», écrit-il.

Sur les onze membres du comité, nommés pour des mandats de trois ans renouvelables, deux représentent les musées, deux sont des experts en matière d'archéologie et d'ethnologie, trois sont des spécialistes du marché mondial des oeuvres d'art et quatre sont désignés en fonction de compétences particulières.

Martin Sullivan est le président de l'Association historique de Saint Mary, un musée consacré à l'une des premières colonies britanniques aux États-Unis, dans le Maryland. Il présidait le Comité consultatif présidentiel depuis 1995.

Gary Vikan est le directeur du musée Walters Art Gallery à Baltimore, également dans le Maryland.

Le musée archéologique de Bagdad a été pillé et saccagé la semaine dernière dans les jours qui ont suivi l'entrée des troupes américaines dans la capitale irakienne, sans que celles-ci interviennent pour protéger les collections, les plus importantes du monde sur l'histoire des civilisations de Mésopotamie, de Sumer et de Babylone.

Le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, avait regretté mardi le pillage de ce musée, estimant que de tels événements sont difficilement prévisibles, comme «des émeutes lors de matchs de football».

Dans sa lettre de démission, Martin Sullivan souligne qu'il est un ancien combattant de la guerre du Vietnam.

«Je suis profondément ému par la bravoure et le sacrifice consentis par nos troupes au nom de la liberté. Mais vous, et votre administration, avez choisi une action préventive, décidant d'entamer les hostilités en choisissant le moment et les motifs, un choix qui, à mon avis, doit s'accompagner de l'obligation de prévoir, et de tenter d'empêcher, les pillages et les destructions», affirme-t-il à l'adresse de George W. Bush.

«Alors que nos troupes ont fait montre d'une précision et d'une retenue extraordinaires dans l'usage de leurs armes, et aussi apparemment pour protéger le ministère de l'Énergie et les champs pétroliers, elles se sont montrées incapables d'assurer la protection des biens culturels, le maintien de la santé publique et la prestation de l'aide humanitaire», ajoute Martin Sullivan.

À voir en vidéo