Pékin promet d'être sans pitié avec les tricheurs

Pékin — Soucieux d'éviter les affaires qui avaient terni les JO d'Athènes il y a quatre ans, le Comité international olympique (CIO) et les organisateurs chinois ont promis que la politique antidopage durant les Jeux de Pékin serait la plus rigoureuse de l'histoire olympique.
Avant même le premier jour de compétition à Athènes en 2004, les deux meilleurs sprinteurs du pays-hôte, Katerina Thanou et Costas Kenteris, avaient été exclus des Jeux après s'être soustraits à un contrôle antidopage.Quatre ans plus tard, alors que chaque jour qui passe apporte son lot d'athlètes en préparation déclarés positifs, les Jeux de Pékin s'annoncent sans clémence pour les tricheurs.
À la fin des Jeux, 4500 tests auront été effectués, soit 25 % de plus qu'à Athènes. Lors de chaque compétition, les cinq premiers athlètes seront systématiquement testés, ainsi que deux autres sélectionnés au hasard.
Pour la première fois, l'hormone de croissance sera détectable et, depuis une décision du CIO en juin dernier, tout athlète reconnu coupable d'une grave infraction en matière de dopage sera privé des Jeux de Londres en 2012.
Pour David Howman, directeur général de l'Agence mondiale antidopage (AMA), l'arsenal pour lutter contre les tricheurs n'a jamais été aussi pointu.
Toutefois, malgré l'intensification des sanctions et l'amélioration des techniques de détection, les tricheurs ont montré qu'il était toujours possible de passer, un temps, entre les mailles du filet.
Plusieurs scandales ont éclaté, notamment lors du Tour de France ou dans le milieu du sprint américain.
En Chine, la question est devenue prioritaire après avoir longtemps été ignorée. Les instances sportives ont répété qu'elles préféreraient ne remporter aucune médaille plutôt que d'avoir à subir la honte d'un contrôle positif.
Tolérance zéro
Le nombre de contrôles en Chine a considérablement augmenté, passant de 165 en 1990 à 10 238 l'année dernière, selon le Comité national olympique chinois.
Pékin a même instauré des règles plus sévères que l'Agence mondiale antidopage (AMA). En cas de contrôle positif d'un sportif chinois, l'athlète et son entraîneur sont suspendus à vie, alors que l'AMA n'inflige que deux ans de suspension pour un premier contrôle positif, puis une suspension à vie en cas de récidive.
Les leaders politiques ont également indiqué qu'il était très important que les Jeux en Chine soient propres.
Le vice-président Xi Jinping, qui a supervisé ces derniers mois les préparatifs olympiques, a déclaré que la Chine devait avoir une «tolérance zéro sur le dopage» et «garantir la pureté et la propreté des sports olympiques pour assurer une compétition équitable pour les athlètes».
De son côté, l'AMA a reconnu que la politique chinoise en la matière allait en s'améliorant. «Ils ont écouté nos conseils, ils ont pris en compte ce qu'on leur avait dit. Leur programme va dans la bonne direction», a déclaré Howman.
Pour autant, la Chine n'a pas toujours pris la lutte antidopage au sérieux et a pris beaucoup de retard.
L'année dernière, la politique répressive menée aux États-Unis a révélé que de nombreux produits utilisés dans la fabrication des stéroïdes provenaient de la Chine.
Ce mois-ci, deux athlètes ont été suspendus à vie pour dopage, le nageur Ouyang Kunpeng et le lutteur Luo Meng. Au 20 juin, huit athlètes chinois avaient été déclarés positifs, a indiqué l'agence chinoise antidopage.
«Le sport est passé d'un loisir pratiqué dans le temps libre à un secteur économique en pleine croissance, estime Howman. On ne reviendra jamais aux anciennes valeurs de l'olympisme du XIXe siècle et du début du XXe. C'est tout simplement impossible.»