Irak - Pas de calendrier de retrait, dit Washington
Les États-Unis ont rejeté, hier, la demande de l'Irak d'un calendrier précis pour le départ des troupes de la coalition menée par les Américains, affirmant que tout retrait serait basé sur les conditions sur le terrain.
«Le gouvernement américain et le gouvernement irakien sont d'accord sur le fait que nous, les États-Unis, voulons nous retirer et nous nous retirerons. Mais, cette décision sera prise en fonction des conditions sur le terrain», a déclaré un porte-parole du département d'État, Gonzalo Gallegos.Le gouvernement irakien a exigé hier, des États-Unis, un calendrier pour le retrait total des troupes de la coalition, condition sine qua non à la conclusion d'un accord à long terme entre les deux pays.
«Nous n'accepterons aucun mémorandum d'accord s'il ne précise pas de date spécifique pour un retrait complet des troupes étrangères d'Irak», a déclaré Mouaffak al-Roubaïe, un conseiller pour la sécurité nationale du gouvernement irakien, lors d'une conférence de presse à Najaf.
«Le gouvernement irakien parle d'une date, alors que la partie américaine parle de sa propre date. À ce jour, nous ne sommes pas arrivés à un accord sur ce problème», a souligné le conseiller.
Ce débat surgit alors que Washington et Bagdad négocient un accord stratégique devant, notamment, régler l'épineuse question de la présence américaine dans le pays après 2008 en offrant un cadre légal pour le maintien des forces américaines à l'expiration, le 31 décembre 2008, du mandat donné par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Le parlement irakien devra approuver, à une majorité qualifiée, tout accord passé par le gouvernement de Nouri al Maliki avec Washington et, selon son vice-président Khalid al Attiya, il s'opposerait à tout compromis conférant aux soldats américains une immunité au regard de la loi irakienne.
Maliki avait évoqué publiquement lundi, pour la première fois, l'idée d'un calendrier de retrait des 150 000 militaires américains présents en Irak, mais cette idée avait aussitôt été rejetée par la Maison-Blanche, qui souhaite un «accord sur le statut de ses forces» sans dates contraignantes.
«Aujourd'hui, nous examinons la possibilité de mettre un terme à la présence étrangère sur le territoire irakien et de rétablir une entière souveraineté», a dit Maliki à des diplomates arabes à l'occasion d'une visite aux Émirats arabes unis.
«Dans tous les cas de figure, le fondement de l'accord sera le respect de la pleine souveraineté de l'Irak. Actuellement, on vise à aboutir à un protocole d'accord soit sur le départ des forces, soit sur un calendrier de retrait», a déclaré le premier ministre irakien.
Maliki, qui a ainsi semblé renvoyer aux calendes grecques l'accord sur le statut des forces souhaité par Washington, a affirmé que, à l'expiration du mandat de l'ONU, les forces étrangères n'auraient plus les mains libres pour opérer et ne jouiraient plus de l'immunité aux yeux de la loi irakienne.
Les États-Unis ont accédé à certaines exigences irakiennes en renonçant, notamment, à exiger que les sous-traitants de l'armée américaine ne tombent pas sous le coup de la loi irakienne, mais il demeure hors de question pour eux d'y soumettre leurs soldats.
Tous les accords de statut des forces existants avec d'autres pays, comme le Japon, excluent poursuites et condamnations de leurs militaires à l'étranger.
Parmi les points importants qui posent problème figurent le contrôle des opérations militaires et de l'espace aérien, que l'Irak refuse de continuer de laisser au bon vouloir de l'état-major américain. Bagdad s'oppose aussi aux arrestations unilatérales de ses citoyens par l'armée américaine.
La question du futur statut des forces américaines est d'autant plus sensible que la tension est vive entre le grand voisin iranien de l'Irak et de Washington.