L'ONU convoque une conférence sur l'aide à la Birmanie

Rangoon — L'ONU va organiser en Asie un sommet d'urgence sur la crise humanitaire en Birmanie, où la junte refuse toute opération d'aide internationale massive alors que des centaines de milliers de survivants du cyclone Nargis manquent toujours de tout.

Deux semaines après une catastrophe qui a fait plus de 71 000 morts et disparus, la junte militaire a par ailleurs crié victoire pour son référendum, proclamant que plus de 92 % des électeurs avaient approuvé une nouvelle Constitution.

Devant la gravité de la situation humanitaire dans le Sud birman, un «sommet d'urgence va être convoqué par le secrétaire général de l'ONU avec plusieurs pays d'Asie et dans la région», a annoncé le premier ministre britannique Gordon Brown. «Je pense que c'est un grand progrès», s'est félicité le chef du gouvernement de l'ex-puissance coloniale en Birmanie.

Par ailleurs, «des pays d'Asie ont été invités par le gouvernement birman à fournir de l'aide et des travailleurs humanitaires», a assuré M. Brown. La communauté internationale, grâce à la médiation des Asiatiques, veut éviter une «deuxième catastrophe» en Birmanie et sauver la majorité des quelque deux millions de survivants qui ont soif et faim et qui sont sans abri, selon l'ONU.

Même si de plus en plus d'avions d'assistance humanitaire atterrissent à Rangoon, le régime birman limite le déploiement de travailleurs étrangers dans les zones les plus meurtries de l'Irrawaddy.

La junte accueille volontiers l'aide internationale mais, méfiante et obsédée par la défense de sa souveraineté, elle refuse toute opération massive conduite par des étrangers.

«Les Birmans acceptent toute forme d'aide étrangère avec gratitude, quel que soit le montant, a indiqué le quotidien New Light of Myanmar. Cependant, ils ne comptent pas trop sur l'assistance internationale et reconstruiront la nation de manière indépendante.» Toutefois, les opérations menées par les Birmans sont la pire réponse de «l'histoire récente» à une catastrophe naturelle, a fustigé Mark Malloch Brown, haut responsable au Foreign Office, dont le gouvernement a appelé la junte à laisser les humanitaires étrangers travailler «sans entraves».

En visite à Rangoon, le commissaire européen au Développement, Louis Michel, a aussi réclamé à la Birmanie des «actions concrètes» pour ouvrir davantage la porte à l'aide extérieure. Mercredi, il avait prévenu que ce pays pauvre risquait une «famine» en raison de la destruction de «tous les stocks de riz».

Quant à l'ONU, son secrétaire général Ban Ki-moon a annoncé vouloir envoyer en Birmanie son responsable des Affaires humanitaires, John Holmes, avec l'espoir d'assouplir la position de la junte et d'«éviter cette seconde vague de morts que nous craignons tous en raison du risque d'épidémies».

Ban Ki-moon a déjà réuni les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et les pays de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est, dont la Birmanie est membre. Le secrétaire général de l'ASEAN, le Thaïlandais Surin Pitsuwan, a confirmé un «consensus» pour que l'ASEAN prenne la tête d'une «coalition de la compassion». D'ailleurs, la Thaïlande va tenter de convaincre son voisin birman d'accepter une visite à Rangoon de Ban Ki-moon.

En même temps, l'organisation Human Rights Watch a demandé aux États donateurs de s'assurer que leur aide n'est pas détournée par les autorités. La junte a promis d'enquêter sur toute mauvaise utilisation des secours aux survivants.

Des dizaines de milliers d'entre eux, qui s'étaient réfugiés dans des écoles et des monastères, ont été réinstallés dans des camps de fortune dressés par les autorités, ont rapporté des moines bouddhistes.

Dans ce contexte, la télévision d'État a annoncé que «92,4 % des électeurs [avaient] voté oui au référendum du 10 mai visant à approuver une Constitution». Le régime avait organisé ce scrutin dans tout le pays, sauf dans les régions les plus dévastées le 3 mai. Un vote est prévu le 24 mai dans des circonscriptions de Rangoon et de l'Irrawaddy.

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