La Turquie affirme que son opération en Irak est terminée

Ankara — La vaste offensive de l'armée turque visant les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak s'est achevée et les unités qui y étaient engagées ont regagné hier leur base, a annoncé l'état-major turc, menaçant toutefois d'y retourner si besoin est.
«Il a été conclu que l'opération a atteint ses objectifs et nos troupes ont regagné leur base dans le pays [...] le 29 février au matin», souligne un communiqué mis en ligne par l'état-major.«Cette décision est indépendante d'une quelconque influence étrangère», souligne l'armée. La veille, les États-Unis avaient invité la Turquie, pays membre de l'OTAN, à mettre un terme rapide à cette opération.
Le président américain, George W. Bush, et son secrétaire à la Défense, Robert Gates, qui s'est rendu brièvement à Ankara, avaient appelé les Turcs à quitter l'Irak «le plus vite possible».
«Les Turcs doivent agir, agir rapidement, atteindre leur objectif et partir», a déclaré George W. Bush à Washington. Ankara s'était refusé à fixer un délai pour mettre un terme à son offensive.
La Maison-Blanche a qualifié hier de «ciblée et relativement courte» l'offensive turque et a prévenu que le PKK pourrait être la cible de nouvelles attaques.
«Une chose reste certaine, c'est que les États-Unis, la Turquie et l'Irak vont continuer de considérer le PKK comme une organisation terroriste dont on a besoin de s'occuper», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche Gordon Johndroe.
Washington, qui fournit depuis plusieurs mois des renseignements en temps réel à la Turquie sur les rebelles dans le nord de l'Irak, s'inquiétait de l'éventualité d'un conflit entre ses deux alliés régionaux, les Turcs et les Kurdes d'Irak, en cas d'enlisement de l'opération turque.
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, avait indiqué auparavant que l'incursion turque était terminée. «La Turquie a mis fin à son opération militaire ce matin et a commencé à retirer ses troupes», a déclaré le ministre à l'AFP.
L'armée turque affirme qu'au moins 240 rebelles du PKK ont été abattus en huit jours d'offensive. Côté turc, 27 personnes ont été tuées, selon ce décompte.
L'armée menace en outre de réinvestir le nord de l'Irak.
«Les activités des terroristes dans le nord de l'Irak seront suivies de près et aucune menace depuis ce territoire contre la Turquie ne sera tolérée», précise le texte, qui ajoute: «La lutte antiterroriste dans le pays et à l'étranger sera poursuivie avec détermination.»
Un photographe de l'AFP à Cukurca, petite ville stratégique turque située à quelques kilomètres de la frontière irakienne, a constaté le retour d'une mission périlleuse en plein hiver des troupes vêtues de camouflage blanc et visiblement fatiguées à bord de véhicules militaires.
Les convois militaires turcs rentrant en Turquie se poursuivaient en début de soirée.
L'armée turque indique aussi que cette incursion, lancée le 21 février au soir et menée avec des milliers de commandos, «ne va pas mettre l'organisation terroriste (PKK) entièrement hors d'état de nuire» mais a montré que «la zone n'est plus un sanctuaire pour les terroristes».
Deux cent soixante-douze cibles ont été pilonnées par air et 517 autres ont été attaquées par terre lors de l'offensive, qui visait surtout la région de Zap, où se trouvait une importante base du PKK, ajoute le document.
La Turquie estimait, avant cette opération, à 4000 le nombre de rebelles retranchés dans les montagnes enneigées du nord de l'Irak.