Washington menace Bagdad du pire
L'Irak et les États-Unis se sont échangé hier menaces et accusations tandis que les inspecteurs en armement de l'ONU poursuivaient leurs visites de sites suspects. Mardi déjà, la Maison-Blanche avait publié une déclaration sur la stratégie américaine face aux armes de destruction massive, qui consiste à répondre à celles-ci avec une «force écrasante».
Bagdad — Les États-Unis ont réaffirmé hier leur droit de répondre avec une «force écrasante» à toute attaque pendant que l'Irak, soumis à un rythme accru d'inspections de la part des experts de l'ONU, multipliait les invectives contre Washington et sollicitait l'OPEP.Alors que les inspecteurs de l'ONU et le Conseil de sécurité doivent entamer dans une dizaine de jours les discussions de fond sur la déclaration de l'Irak au sujet de son arsenal, la Maison-Blanche a annoncé qu'elle réaffirmera son «droit de riposter» aux attaques par des armes de destruction massive avec une «force écrasante», y compris des armes nucléaires. Une mise en garde sévère, qui vise au premier chef l'Irak.
Les États-Unis avaient rappelé mardi à l'Irak et à tout autre pays qu'ils étaient prêts à utiliser si nécessaire leurs armes nucléaires pour riposter à une attaque lancée avec des armes de destruction massive.
Cet avertissement, qui illustre la stratégie américaine en vigueur de longue date (n'excluant pas le recours à l'arme atomique si nécessaire), est contenu dans une déclaration de l'administration Bush sur la stratégie américaine face aux armements nucléaires, chimiques et biologiques — passée en revue pour la première fois depuis 1993.
Dans ce document de six pages, on lit que dissuader des attaques par la menace d'une «force écrasante» est un élément capital de la protection des États-Unis et de leurs alliés face aux armes de destruction massive (nucléaires, chimiques, biologiques).
Cet avertissement en rappelle au demeurant un autre, celui que le père de Bush, l'ancien président George Bush, avait adressé dans une lettre au président irakien Saddam Hussein peu avant la guerre du Golfe.
Dans cette lettre, les États-Unis menaçaient l'Irak des «conséquences les plus sévères» si ce pays utilisait des armes chimiques ou biologiques contre les États-Unis, s'il détruisait les champs pétrolifères koweïtiens ou participait à des actes de terrorisme.
L'Irak a quant à lui dénoncé tous azimuts hier les manoeuvres américaines menées dans le Golfe, l'accueil des forces américaines par certains pays de la région ou encore le «style mafieux» des États-Unis en ce qui a trait à leur mainmise sur la déclaration irakienne remise à l'ONU samedi, un «racket sans précédent».
Les inspecteurs de l'ONU ont mené une nouvelle série de visites, notamment dans un laboratoire de Tarmiya, à 25 kilomètres de Bagdad, accusé par les services secrets britanniques d'avoir été rééquipé afin de produire des armes chimiques, comme le gaz moutarde.
Les experts, désormais au nombre de 70, ont notamment revisité plusieurs sites déjà inspectés, dont l'immense complexe de Tuwaitha, au sud de Bagdad, qui avait abrité le programme nucléaire irakien avant 1991, ou l'usine Al-Fatah, dans la capitale irakienne, liée à la production de missiles et déjà visitée mardi.
De son côté, le chef du parti au pouvoir en Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a suggéré l'organisation d'un référendum pour décider de la participation de son pays à une éventuelle opération militaire américaine contre l'Irak, selon l'agence Anatolie.