«Loyauté, bon sens, conscience» - Le futur chef de l'ONU prête serment
New York — Le Sud-Coréen Ban Ki-moon, qui succédera le 1er janvier à Kofi Annan comme secrétaire général des Nations unies, a prêté serment hier devant les représentants des 192 États membres, jurant d'exercer ses fonctions avec «loyauté, bon sens et conscience».
Lors d'une cérémonie à New York, l'ex-ministre sud-coréen des Affaires étrangères, élu en octobre pour un mandat de cinq ans à la tête de l'ONU, s'est engagé à exercer ses fonctions «en ayant uniquement à l'esprit les intérêts des Nations unies».M. Ban a également promis de «ne pas rechercher ou accepter d'instructions [...] d'un gouvernement quelconque ou d'aucune autorité extérieure à l'ONU».
Le diplomate sud-coréen, âgé de 62 ans, a rendu hommage à son prédécesseur, le Ghanéen Kofi Annan, promettant de poursuivre son oeuvre, notamment en réformant l'institution.
M. Ban arrive à la tête de l'organisation mondiale alors qu'est en cours une profonde réforme de son fonctionnement et de certaines de ses structures, rendue nécessaire à la fois par les exigences d'un monde en mutation et par plusieurs scandales internes de mauvaise gestion ou de corruption, notamment celui du programme «Pétrole contre nourriture» en Irak.
«Je m'efforcerai d'établir les critères éthiques les plus élevés. La bonne réputation de l'ONU est un de ses plus précieux atouts mais aussi un des plus vulnérables», a-t-il dit.
Faisant allusion à l'atmosphère tendue régnant actuellement à l'ONU entre pays riches et pauvres sur certains aspects de la réforme, M. Ban a promis «d'oeuvrer à une meilleure harmonie, d'être un rassembleur».
Lors d'une conférence de presse peu après, M. Ban a qualifié d'«inacceptable» la tragédie du Darfour, où une guerre civile a fait plus de 200 000 morts et deux millions de réfugiés depuis 2003.
Estimant qu'«il ne peut y avoir de solution militaire au problème» de cette région du Soudan, il a promis de s'engager personnellement dans les efforts pour faire cesser les effusions de sang.
Il a par ailleurs mis en garde les autorités iraniennes en déclarant que «la négation de l'Holocauste n'est pas acceptable. Et il n'est pas acceptable non plus d'appeler à la destruction d'un État ou d'un peuple».
Une conférence s'est récemment tenue à Téhéran, officiellement pour examiner des questions posées par le président Mahmoud Ahmadinejad sur la réalité de l'Holocauste, au cours duquel quelque six millions de Juifs ont été massacrés, à laquelle ont participé essentiellement des révisionnistes. Par ailleurs, M. Ahmadinejad a déclaré publiquement qu'Israël devait être «rayé de la carte» et allait «bientôt disparaître».
M. Ban a aussi appelé l'Iran à reprendre les négociations avec les Européens pour sortir «de manière pacifique» de l'actuelle impasse avec le Conseil de sécurité sur son programme nucléaire.
Le Conseil de sécurité examine actuellement un projet de résolution visant à sanctionner Téhéran pour son refus de suspendre ses activités nucléaires controversées comme l'enrichissement d'uranium.
M. Ban a également indiqué que la détérioration de la situation au Proche-Orient serait une de ses priorités, en particulier la nécessité de régler le conflit israélo-palestinien. L'ambassadeur américain intérimaire Alejandro Wolff, dont le pays a joué un rôle central dans l'élection de M. Ban, a exprimé la confiance et le respect de Washington envers lui. «Nous avons toute confiance en sa capacité, sa bonne volonté et son désir de bien faire», a-t-il dit.
La cérémonie a commencé par un hommage solennel, suivi d'une ovation, de l'Assemblée générale à M. Annan. L'Assemblée générale a adopté par acclamation une résolution, le saluant notamment pour «sa contribution exceptionnelle à la paix et à la sécurité internationales». M. Annan, 68 ans, quitte son poste fin décembre après dix ans à la tête de l'ONU.