L'Irak pourrait assurer sa sécurité dès juin 2007, selon Maliki

George W. Bush en compagnie du «gars qu’il faut pour l’Irak», le premier ministre Nouri al-Maliki
Photo: Agence Reuters George W. Bush en compagnie du «gars qu’il faut pour l’Irak», le premier ministre Nouri al-Maliki

Bagdad — Les corps de plus de 90 victimes d'exécutions ont été découverts hier en Irak, alors que le premier ministre, Nouri al-Maliki, a affirmé que les forces irakiennes seraient prêtes à assurer la sécurité dès «juin 2007», après une rencontre à Amman avec le président américain.

L'armée américaine a annoncé la découverte de 28 corps dans une «fosse commune» près de Baaqouba (nord de Bagdad), où les violences entre chiites et sunnites sont quotidiennes. Dans Bagdad et ses environs, 67 cadavres ont été retrouvés ces dernières 24 heures, selon une source de sécurité.

Les enlèvements, suivis d'exécutions sommaires, sont devenus monnaie courante en Irak, où plus de 13 000 civils ont été tués de juillet à octobre, selon l'ONU.

Guerre civile
Les violences interconfessionnelles ont pris le pas sur les affrontements entre insurgés et forces de sécurité irakiennes et américaines, mais la Maison-Blanche et Bagdad continuent de récuser la notion de guerre civile.

Outre les découvertes macabres, seize personnes ont été tuées dans des attaques armées, dont six civils dans la région de Baaqouba, ainsi qu'un responsable du Waqf sunnite (association en charge des biens religieux) avec six de ses gardes du corps à Bassora (sud).

Rencontre à Amman
Après leur rencontre à Amman, le président George W. Bush a affirmé sa confiance dans M. Maliki, déclarant qu'il était «le gars qu'il faut» pour l'Irak, après la publication d'une note confidentielle de l'administration américaine mettant en doute sa capacité à faire face à la situation.

Mon objectif est de voir rentrer les quelque 144 000 soldats américains déployés en Irak «le plus tôt possible», a assuré M. Bush, tout en prévenant que les GI's «resteraient en Irak jusqu'à ce que la mission soit achevée».

En tout état de cause, son conseiller à la sécurité nationale, Stephen Hadley, auteur de la note confidentielle, a estimé que le président américain prendrait sa décision concernant la stratégie américaine en Irak d'ici «quelques semaines».

D'avance, M. Maliki a annoncé dans un entretien qui devait être diffusé hier soir par la chaîne américaine ABC News, que «les forces irakiennes seront prêtes, tout à fait prêtes» à prendre le commandement des forces de sécurité en Irak «en juin prochain».

Il s'est cependant refusé à se prononcer sur un éventuel retrait des forces américaines.

À Amman, M. Maliki a minimisé toute influence iranienne en Irak et s'est dit prêt à utiliser la force pour contrôler les milices responsables des violences interconfessionnelles. Il a ajouté avoir constitué «un comité chargé d'épurer les forces armées des éléments n'obéissant pas aux ordres du cabinet».

Sa rencontre avec M. Bush, qualifiée de «provocation» par le courant du dirigeant radical chiite Moqtada al-Sadr, a provoqué une rupture au sein de la majorité chiite, ce dernier ayant décidé de suspendre son soutien au gouvernement.

Appel aux partisans de Sadr

Mais à son retour à Bagdad, M. Maliki a appelé le courant Sadr à reprendre ses activités au gouvernement et au Parlement. «Je souhaite qu'ils reviennent sur leur décision, qui n'apporte rien de positif au processus politique.»

Cependant, un député du courant Sadr, Saleh al-Agaili, a indiqué que son mouvement souhaitait «former une coalition nationale de députés opposés à l'occu-

pation» américaine.

Moqtada al-Sadr, adversaire résolu de l'occupation américaine en Irak, contrôle cinq ministères et a 30 députés au Parlement.

Il dirige aussi l'Armée du Mahdi, la plus importante des milices chiites, régulièrement accusée d'exactions contre les sunnites et d'attaques contre la force multinationale.

Face à la détérioration continue de la situation en Irak, la Russie a proposé la tenue d'une conférence internationale pour tenter de trouver un règlement.

Enfin, le procès de l'ex-président Saddam Hussein et de six anciens dirigeants, jugés pour les campagnes militaires anti-Kurdes dans les années 1980, a été suspendu jusqu'à lundi.

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