Aucune émanation radioactive n'a encore été détectée

Vienne — Ni l'Organisation contre les essais nucléaires, ni les Américains n'ont pu détecter à ce jour d'émanations radioactives après l'essai nucléaire annoncé lundi à Pyongyang, mais des conclusions sur la nature du test nord-coréen seraient prématurées, a souligné hier le CTBTO.

«Le fait de ne rien trouver aujourd'hui ne veut rien dire» à ce stade, et il faut donc «faire preuve de prudence», a déclaré hier soir Lassina Zerbo, haut responsable scientifique à l'Organisation du Traité pour l'interdiction totale des essais nucléaires (CTBTO — OTICE en français).

«À ce stade les vents ne soufflent pas dans la bonne direction et d'éventuelles émanations de radionucléides n'ont pu être mesurées dans les airs par les stations de détection de la région», a déclaré un diplomate européen à l'issue d'une réunion des États de la Commission préparatoire de la CTBTO à Vienne.

Cependant il n'est pas exclu que des radionucléides soient détectés dans les jours à venir, selon M. Zerbo, directeur du centre international de données au CTBTO.

Les échantillons collectés dans l'atmosphère par un avion militaire américain WC-135 le 10 octobre ne contiennent «pas de particules nucléaires», a aussi déclaré hier un responsable du Pentagone. «Nous ne pouvons pas prouver qu'il s'agissait d'une explosion nucléaire, et nous ne pouvons pas dire que cela ne l'était pas», a-t-il cependant ajouté, la Maison-Blanche exprimant par la suite la même analyse.

Le CTBTO avait indiqué lundi avoir détecté un «événement» de magnitude 4,0 sur l'échelle ouverte de Richter, mais sans confirmer qu'il y avait bien eu essai nucléaire.

La France, notamment, a émis des doutes sur le caractère nucléaire de l'explosion enregistrée, estimant que s'il y avait eu essai atomique, il serait «raté» compte tenu de sa faible puissance.

Le CTBTO, a expliqué M. Zerbo, dispose de «stations à particules fixes» notamment au Japon et en Chine. «Elles ont des filtres qui aspirent l'air ambiant, mais il faut qu'elles soient orientées dans la direction du vent. Et il faut un certain temps avant que les particules ne viennent vers la station.»

Lever les doutes sur l'essai est difficile, selon les experts, car il s'agit d'un test souterrain, donc moins «parlant» qu'un test dans l'atmosphère, et avec une relativement faible explosion.

Les émanations peuvent mettre du temps avant de sortir du sol, de s'évaporer et de se mêler à l'air ambiant, «peut-être des semaines et des mois», a noté M. Zerbo, un géo-physicien originaire du Burkina-Faso.

À voir en vidéo