Sanctions contre la Corée du Nord - Le Conseil de sécurité doit voter aujourd'hui

New York — Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait s'exprimer par vote aujourd'hui sur le projet américain de résolution imposant des sanctions à la Corée du Nord après l'annonce lundi de son premier essai nucléaire, ont annoncé hier l'ambassadeur des États-Unis à l'ONU, John Bolton, et son homologue du Japon, Kenzo Oshima.
Ce projet a été édulcoré pour tenir compte des réserves de la Chine et de la Russie, qui s'opposent à des «sanctions extrêmes» contre le régime de Pyongyang, selon les termes du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.De nouvelles modifications pourraient encore être apportées à ce texte, a en outre prévenu John Bolton en annonçant hier que «le Conseil s'est dansl'ensemble mis d'accord [...] pour que nous votions demain [aujourd'hui]».
La Chine, principale alliée de la Corée du Nord, émet encore des réserves sur un point essentiel du projet américain: l'autorisation de fouiller les cargos en provenance ou à destination de la Corée du Nord pour empêcher le transport de matériaux nucléaires ou de missiles balistiques.
À Moscou, après avoir reçu l'ancien ministre chinois des Affaires étrangères Tang Jiaxuan, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déclaré hier à la presse que les deux pays étaient hostiles à des «sanctions extrêmes» contre Pyongyang.
«Nous, avec la Chine, avons une position commune sur la nécessité d'avoir une approche équilibrée, et non émotionnelle, et de ne pas prendre de sanctions extrêmes», a dit Lavrov cité par l'agence de presse russe Ria.
L'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Marc de la Sablière, s'est dit convaincu que les 15 membres du Conseil parviendraient à une solution. L'inspection des navires est le dernier obstacle à un accord, a-t-il assuré.
Pas de signe d'apaisement
Tenant compte des objections soulevées par la Chine et la Russie, le projet de résolution présenté jeudi soir par les États-Unis exclut clairement l'usage de la force de l'éventail de mesures envisagées.
Cette mouture supprime également la proposition d'embargo total sur les armes conventionnelles évoquée dans une précédente version. Elle maintient en revanche l'embargo sur les armes de destruction massive.
Ce projet américain interdit aussi tout transfert ou développement d'armes de destruction massive, ainsi que la vente à la Corée du Nord de produits de luxe. Il impose un gel des actifs financiers détenus à l'étranger par toute personne ou organisation liée au programme nucléaire ou de missiles balistiques de la Corée du Nord.
Les tractations diplomatiques ne se sont pas cantonnées au siège new-yorkais des Nations unies hier, notamment entre les pays impliqués dans les négociations, actuellement dans l'impasse, sur le programme nucléaire nord-coréen (États-Unis, Russie, Japon, Chine et les deux Corées).
Le président sud-coréen Roh Moo-hyun a ainsi rencontré à Pékin son homologue chinois Hu Jintao. À l'issue de cet entretien, le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale a déclaré que les deux pays étaient favorables à des «mesures nécessaires et appropriées» contre la Corée du Nord.
L'agence de presse Chine nouvelle avait auparavant rapporté que les deux pays étaient parvenus à un consensus.
La Russie a pour sa part dépêché en Corée du Nord son vice-ministre des Affaires étrangères, Alexandre Alexeïev, pour tenter d'éviter une escalade entre Pyongyang et les États-Unis en particulier.
Tournée régionale de Rice
Dans un entretien à l'agence Itar-Tass accordé à Pyongyang, le ministre russe a affirmé que les Nord-Coréens étaient disposés à reprendre les pourparlers à six sur leur programme nucléaire.
Le régime communiste «souhaite régler dans un avenir proche et par le biais de négociations les problèmes liés à la dénucléarisation de la péninsule coréenne», a déclaré le ministre russe.
La dépêche de Tass ne fournit aucune indication sur d'éventuelles conditions posées par les Nord-Coréens pour revenir à la table de négociation, dans l'impasse depuis près d'un an.
La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice effectuera une tournée dans la région du 17 au 22 octobre pour avoir «une discussion un peu plus approfondie» avec des interlocuteurs à Tokyo, Pékin et Séoul sur la crise actuelle.
Partisan comme les États-Unis d'une ligne dure à l'égard de Pyongyang, le Japon a pour sa part officiellement adopté hier de nouvelles sanctions contre le régime de Kim Jong-il.
Aucun signe d'apaisement n'est venu de Corée du Nord. L'agence officielle de presse KCNA a ainsi évoqué une «dangereuse atmosphère de confrontation» en raison de la «politique hostile» des États-Unis qui a, selon elle, «dépassé les limites tolérables».