Élection présidentielle en Équateur - La gauche contre un milliardaire

Quito — À trois jours de l'élection présidentielle en Équateur, le candidat de gauche Rafael Correa reste le favori avec 26,2 % d'intentions de vote alors que le milliardaire de droite Alvaro Noboa a progressé, occupant la seconde position avec 19,8 %.
Selon ce sondage publié par l'institut privé Market, le socialiste Leon Roldos, crédité de 16,8 % d'intentions de vote, a rétrocédé en troisième position, chutant de plus de deux points la semaine dernière. La seule femme candidate, Cynthia Viteri, une avocate de droite, dispose de 11,1 % d'intentions de vote, contre 7,6 % la semaine dernière.Le favori, Rafael Correa, fait, à la fin de la campagne, l'objet de violentes critiques de la part de ses rivaux qui lui reprochent ses liens étroits avec le président vénézuélien Hugo Chávez, qu'ils soupçonnent de financer sa campagne.
Nicolas Maduro, le ministre des Affaires étrangères du Venezuela, en visite à Quito, a démenti ces accusations. «Le Venezuela respecte l'autodétermination du peuple équatorien et sa souveraineté politique», a-t-il déclaré.
Pour l'emporter au premier tour de l'élection présidentielle, Rafael Correa doit obtenir 40 % des votes, soit 2,5 millions de voix pour un électorat de 9,2 millions de personnes, avec une avance de dix points sur ses adversaires.
Dans l'hypothèse d'un second tour, il devrait s'apparenter à un affrontement gauche-droite compte tenu de la remontée spectaculaire dans les sondages en fin de semaine d'Alvaro Noboa.
Une victoire de Correa s'inscrirait dans une tendance lourde en Amérique latine, qui a vu ces dernières années un net recentrage à gauche de l'échiquier politique.
Correa prône un langage de fermeté vis-à-vis des États-Unis, accusés d'être responsables des difficultés sociales en Amérique latine en raison de la dette et des programmes d'ajustements structurels du Fonds monétaire international (FMI). Il est favorable à un plus grand contrôle de l'État sur l'économie, et en particulier sur les ressources naturelles.
La perspective de son arrivée au pouvoir a provoqué la crainte des investisseurs, qui redoutent notamment la renégociation éventuelle de la dette équatorienne, qui se chiffre à dix milliards de dollars.
Correa souhaite récrire la Constitution, lutter contre les politiques de libre-échange et consacrer davantage de fonds publics aux classes les plus modestes.
«Comme le dit Correa, l'Équateur possède une élite politique vieillie et corrompue qui ne propose plus rien de nouveau», a observé Riordan Roett, directeur des études latino-américaines à l'université Johns Hopkins. «L'Équatorien en a assez. Il parle leur langage.»
Correa s'est fait une réputation l'année dernière en se battant avec la Banque mondiale avant de renoncer à son poste de ministre de l'Économie sur un désaccord avec un projet du président Alfredo Palacio sur la gestion de la dette.
En cas de second tour, Correa pourrait être en difficulté devant les partis traditionnels, qui pourraient s'allier pour l'empêcher de réduire leur influence. Et c'est Noldos qui pourrait bien s'en tirer le mieux, Noboa étant perçu comme un milliardaire populiste symbole de la vieille garde.