Nouvel essai nucléaire nord-coréen ?

Au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies discute de sanctions contre leur pays, des familles nord-coréennes se sont embarquées hier à Sinuiju pour une croisière sur le fleuve Yalu à l’occasion de la fête nationale marquant la fond
Photo: Agence France-Presse (photo) Au moment où le Conseil de sécurité des Nations unies discute de sanctions contre leur pays, des familles nord-coréennes se sont embarquées hier à Sinuiju pour une croisière sur le fleuve Yalu à l’occasion de la fête nationale marquant la fond

Alors même que les grandes puissances tentent de s'entendre sur les sanctions à imposer à la Corée du Nord, qui dit avoir réalisé un premier essai nucléaire dans la nuit de dimanche à lundi, le ministère japonais des Affaires étrangères déclarait tôt ce matin que son gouvernement suspecte Pyongyang d'avoir récidivé avec un deuxième test.

Selon cette même source, qui a requis l'anonymat, le gouvernement japonais tentait d'obtenir une confirmation. Le représentant de la diplomatie japonaise a refusé de donner d'autres détails, notamment sur l'origine des suspicions japonaises.

Le chef de la station sud-coréenne de surveillance de l'activité sismique a toutefois déclaré qu'aucune secousse n'avait été enregistrée aujourd'hui en Corée du Nord.

Les grandes puissances ont tenté hier de s'entendre sur la réponse commune à apporter au test nucléaire nord-coréen, la Russie et la Chine écartant explicitement tout recours à la force, une option que les États-Unis préfèrent quand même «garder sur la table».

Un projet de résolution américaine, écrit conjointement avec le Japon et placé sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies, circulait hier au Conseil de sécurité de l'organisation internationale. La Chine, qui détient la clé d'une réponse de l'ONU à l'annonce d'un essai nucléaire nord-coréen, s'est dite prête hier à soutenir des mesures «punitives» contre son allié, à condition qu'elles soient «appropriées».

Son ambassadeur à l'ONU, Wang Guangya, s'est dit favorable à ce que «certains éléments» du Chapitre VII de la Charte de l'ONU soient invoqués dans la résolution actuellement en discussion entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et le Japon.

«Nous voulons voir certains paragraphes ou certains éléments du Chapitre VII», a dit M. Wang hier à l'issue d'une journée de discussions entre les six ambassadeurs, qui doivent se retrouver ce matin.

M. Wang n'est pas entré dans les détails, mais sa petite phrase pourrait indiquer que Pékin accepterait une résolution rédigée sous l'article 41 et non sous le Chapitre VII en général, formule trop vague et ouvrant la porte, à ses yeux, à de possibles représailles militaires.

Les résolutions adoptées sous le Chapitre VII donnent en effet au Conseil de sécurité de larges pouvoirs d'action, y compris militaires, pour traiter les «menaces pour la paix, les infractions à la paix ou les actes d'agression».

«La Chine est absolument hostile à la guerre comme moyen de régler la question coréenne», avait déclaré hier un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Selon la même source, la Chine a cependant admis hier que le geste de Pyongyang aurait «sans doute un effet négatif sur [leurs] relations» bilatérales.

La Russie, seul pays à avoir confirmé sans ambiguïté l'essai nord-coréen, a adopté une position similaire. Tout en dénonçant une nouvelle fois le «coup colossal» porté au régime de non-prolifération nucléaire, elle s'est également élevée contre la perspective d'une intervention militaire. «Pour nous c'est très important. [...] Imaginez qu'il y ait une intervention militaire sur le territoire nord-coréen. [...] La Corée du nord a des frontières avec trois pays dont l'un est la Russie», a expliqué le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Séoul est également défavorable à l'option militaire. La première ministre sud-coréenne, Han Myung-sook, a affirmé hier que le pays ne soutiendrait pas un texte allant dans ce sens. «Il ne devrait jamais y avoir de guerre dans la péninsule coréenne», a-t-elle déclaré devant le Parlement. En Corée du Sud, 650 000 soldats ont été placés en état d'alerte après l'essai nucléaire nord-coréen.

L'ambassadeur américain à l'ONU, John Bolton, a fait état d'«importants points d'accord». Tous sont également d'accord pour aller «aussi vite que possible», a-t-il ajouté.

Interviewé à la chaîne CNN, M. Bolton a rappelé que le président américain George W. Bush préfère «clairement» que la crise soit résolue de façon pacifique, ajoutant que «nous gardons l'option militaire sur la table».

Au Japon, seul pays à avoir subi une attaque nucléaire, le nouveau premier ministre, Shinzo Abe, a prévenu que son pays pourrait imposer de nouvelles sanctions au régime communiste sans attendre la confirmation qu'il a bien procédé à un essai nucléaire. Par la même occasion, il a démenti toute ambition du Japon de se doter de son propre arsenal atomique.

La Corée du Nord a de son coté prévenu qu'elle pourrait tirer un missile nucléaire à moins que Washington ne prenne des mesures susceptibles de résoudre le différend qui les oppose.

Washington a opposé une fin de non-recevoir à ce nouveau chantage. «Voilà comment la Corée du Nord négocie: par la menace et l'intimidation, a déploré l'ambassadeur John Bolton sur les ondes de CNN et de CBS. Cela a marché pour eux dans le passé. Cela ne marchera pas cette fois-ci.»

Les ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil de sécurité et celui du Japon travaillaient hier à New York sur des propositions américaines et japonaises de sanctions économiques et commerciales contenues dans un projet de résolution en 13 points présenté lundi.

Le projet «condamne l'essai nucléaire», «exige le retour immédiat et sans conditions préalables de la Corée du Nord aux pourparlers à six ainsi que son retour au sein du Traité de non-prolifération et aux garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique».

Le projet de résolution exige également «l'abandon par Pyongyang de son programme d'armement nucléaire et de ses programmes nucléaires».

En matière de sanctions, le document prévoit un embargo sur «les armes et matériels connexes», «les matériels liés à la technologie nucléaire ou à celle des missiles», ainsi que sur «les marchandises de luxe».

Le texte prône également «le gel des avoirs ou ressources financiers à l'étranger liés à ces activités».

***

D'après l'Agence France-Presse, Reuters et Associated Press

À voir en vidéo