La médiation du Qatar échoue
Gaza — La perspective d'élections anticipées dans les territoires palestiniens s'est renforcée hier après l'échec de la médiation du Qatar entre le Fatah du président Mahmoud Abbas et le Hamas du premier ministre, Ismail Haniyeh, a prévenu un proche collaborateur d'Abbas.
L'impasse des discussions entre le Fatah et le Hamas sur la formation d'un gouvernement d'union a contribué aux pires affrontements entre Palestiniens depuis l'obtention de leur autonomie en 1994. Ces combats, qui ont fait 15 morts début octobre, ont nourri les craintes d'une guerre civile.Le Hamas, à la tête d'un gouvernement formé en mars après sa victoire sur le Fatah aux législatives de janvier, assure que les discussions avec Abbas ne sont pas plongées dans une impasse. Il a toutefois jugé inacceptable la proposition du ministre qatari des Affaires étrangères, le cheikh Hamad ben Djassim ben Djaber al Sani, prévoyant la reconnaissance d'Israël.
Pour Yasser Abed Rabbo, proche d'Abbas, le Hamas doit rapidement infléchir sa position à l'égard d'Israël. «Les divergences sur les questions centrales demeurent, a-t-il dit à l'issue de discussions dans la nuit en présence du cheikh Hamad. Cette initiative constitue le dernier effort politique et il faut saisir cette occasion, car la solution alternative est d'organiser des élections anticipées», a-t-il prévenu.
Le Fatah affirme que le président Abbas a le pouvoir de convoquer des élections anticipées, ce que conteste le Hamas.
Ghazi Ahmed, porte-parole du gouvernement, a accusé Rabbo d'«empoisonner l'atmosphère». «Il est hors de question d'évoquer des élections anticipées ou un gouvernement d'urgence», a-t-il déclaré.
Ahmed Youssef, un collaborateur de Haniyeh, a précisé que le Hamas rejetait deux points des propositions du cheikh Hamad. L'un de ces points porte notamment sur l'acceptation d'une solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Le cheikh Hamad a eu des discussions séparées avec Abbas et Haniyeh dans la bande de Gaza après avoir rencontré lundi le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Méchaal, qui vit en exil à Damas. Illustrant les tensions actuelles, Abbas a refusé de rencontrer Haniyeh, ont dit des responsables palestiniens.
D'après des responsables palestiniens, les propositions du Qatar prévoient la création d'un gouvernement de technocrates et l'organisation d'une rencontre entre Abbas et Méchaal. Des collaborateurs d'Abbas affirment que Méchaal a soumis au cheikh Hamad des contre-propositions, qui ne comportent ni reconnaissance d'Israël ni acceptation d'un gouvernement provisoire d'experts. Haniyeh s'est aligné sur la position de Méchaal, ont-ils dit.
«Abbas était furieux et a rejeté le document du Hamas», a dit un collaborateur.
S'il ne dissout pas le Parlement, Abbas pourrait choisir d'organiser un référendum sur la tenue d'élections anticipées. L'une ou l'autre de ces deux options risque toutefois de déclencher un nouveau cycle de violences entre le Hamas et le Fatah.