Il remplacera Kofi Annan - Le Sud-Coréen Ban Ki-moon à la tête de l'ONU

Nations unies — En suscitant un tollé international, le premier essai nucléaire nord-coréen, hier, a éclipsé l'élection du Sud-Coréen Ban Ki-moon en remplacement de Kofi Annan au poste de secrétaire général de l'ONU, occupé pendant dix ans par Kofi Annan.
Comme le prévoit la charte de l'ONU, il reviendra à l'Assemblée générale, où siègent les 192 pays membres des Nations unies, d'approuver le choix du Conseil de sécurité.«Le Conseil de sécurité vient de recommander à l'Assemblée générale que M. Ban Ki-moon soit nommé secrétaire général des Nations unies», le 1er janvier prochain, après l'expiration du second mandat du Ghanéen Kofi Annan, a indiqué devant la presse Kenzo Oshima, ambassadeur du Japon auprès de l'ONU et président en exercice du Conseil. Le diplomate japonais s'exprimait à l'issue d'une réunion à huis clos des 15 membres du Conseil de sécurité.
À Séoul, M. Ban a exprimé sa gratitude et s'est engagé à travailler au règlement pacifique de la crise sur le programme nucléaire nord-coréen. «Ce devrait être un moment de joie, mais j'ai le coeur lourd» a-t-il déclaré, qualifiant le premier essai nucléaire nord-coréen d'«acte de provocation» et de «menace grave et directe pour la paix et la stabilité de la péninsule coréenne ainsi que de l'Asie du Nord-Est».
Et de rappeler, de manière d'ailleurs peu diplomatique, que «le secrétaire général Kofi Annan n'a jamais effectué de visite en Corée du Nord au cours de ses 10 ans de mandat. J'ai l'intention d'aller en Corée du Nord dès que j'en aurai l'occasion», a-t-il ajouté dans une entrevue publiée aujourd'hui dans le journal sud-coréen Chosun Ilbo.
La coïncidence entre l'élection de Ban par le Conseil de sécurité et la nouvelle crise internationale suscitée par l'essai nord-coréen ne doit rien au hasard, juge-t-on de source diplomatique au siège de l'ONU.
Le Japon, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, devrait organiser rapidement des consultations sur l'attitude à tenir devant cette initiative visiblement destinée à attirer l'attention de la communauté internationale.
La Corée du Nord avait fait part de ses intentions mardi dernier, et vendredi, le Conseil de sécurité l'avait mise en garde contre son projet sans préciser pour autant quelles conséquences il aurait.
Les États-Unis souhaitent une réaction immédiate devant ce qu'ils considèrent comme un acte de provocation de la part du régime communiste de Pyongyang.
Huitième secrétaire général en 60 ans d'existence des Nations unies, Ban est, de par sa nationalité même, bien au fait des enjeux de la crise provoquée par la Corée du Nord, mais on ignore encore de quelle manière il entend la gérer.
Cet homme de 62 ans, dont tout le monde à New York s'accorde à reconnaître la capacité de travail et la courtoisie, hérite d'une bureaucratie de 9000 fonctionnaires et d'un budget de cinq milliards de dollars.
La nouvelle crise dont il hérite s'ajoute à près d'une vingtaine d'opérations de maintien de la paix où sont engagées les Nations unies à travers le monde, pour un coût de cinq milliards de dollars également.
Le profil de Ban tranche avec celui d'Annan, excessivement médiatisé aux yeux de plusieurs dont les États-Unis, qui préfèrent que le secrétaire général des Nations unies se borne à être un bon administrateur.
Pour Jang Sung-min, ancien conseiller présidentiel sud-coréen, Ban fera vraisembablement un bon travail précisément parce qu'il est «lisse»: «Il n'y a rien de particulier à dire de lui.»
Selon l'analyste néerlandais Dick Leurdijk, expert des Nations unies, «Ban ne sera pas un diplomate activiste, prêt à prendre des initiatives, comme l'était Kofi Annan».
«Il sera plus proche de son prédécesseur asiatique U Thant, qui se contentait de gérer la boutique», prédit-il, en se référant au diplomate birman qui a occupé le poste de 1961 à 1971.
Il va devoir apprendre à maîtriser les médias, mais en tout cas, selon un diplomate chevronné de l'ONU, Ban «apportera une immense expérience diplomatique» au palais de verre de New York.
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D'après Reuters et l'Associated Press