«Djihad» lancée contre l'Éthiopie
Mogadiscio — Les puissantes milices islamistes qui contrôlent Mogadiscio et la majeure partie du sud de la Somalie ont déclaré hier une «djihad» (guerre sainte) à l'Éthiopie voisine accusée d'envahir la Somalie pour aider le gouvernement fédéral de transition somalien (TFG) à s'emparer brièvement de la localité de Buur Hakaba.
La prise de cette ville, aux mains des milices islamistes et située entre la capitale et Baidoa, a été confirmée par les deux camps. Il s'agit de la première contre-offensive militaire des forces du TFG depuis que l'Union des tribunaux islamiques (UTI) a pris Mogadiscio en juin.«À partir de ce jour, nous déclarons la "djihad" à l'Éthiopie», a déclaré le cheikh Charif Ahmed, en treillis et kalachnikov à la main, lors d'une conférence de presse.
Ce dernier, considéré jusqu'ici comme relativement modéré au sein de la mouvance islamiste, n'a pas caché sa colère face aux journalistes. «Des troupes éthiopiennes fortement armées ont envahi la Somalie et se sont emparées de Buur Hakaba. L'histoire montre que les Somaliens l'ont toujours emporté lorsqu'ils ont été attaqués de l'étranger», a-t-il dit.
L'Éthiopie chrétienne, enclavée dans ses hauts plateaux, et la Somalie islamisée sont depuis des siècles les «frères ennemis» de la Corne de l'Afrique.
Buur Hakaba n'est située qu'à une trentaine de kilomètres de Badaoa, où le TFG a installé son siège provisoire.
Selon les islamistes et la population de cette localité, cette dernière a été conquise tôt hier matin par des militaires éthiopiens accompagnés de combattants gouvernementaux. Cette allégation a été démentie par un chef local d'une milice gouvernementale de Buur Hakaba. Pour sa part, le gouvernement d'Addis-Abeba a toujours farouchement nié avoir envoyé en Somalie des troupes, à l'exception de conseillers militaires
La prise de la localité semble été de courte durée, les habitants faisant état du retour des miliciens à la mi-journée après le départ, sans explication, des forces gouvernementales.
Les miliciens islamistes au pouvoir à Mogadiscio affirment que l'application de la «charia» (loi coranique) est le seul moyen d'éliminer l'anarchie en Somalie, un pays sans autorité centrale depuis la chute en 1991 de la dictature du général-président Mohamed Siad Barre. Certains de leurs détracteurs accusent les islamistes somaliens, qui s'en défendent, d'abriter dans leurs rangs des militants liés à al-Qaïda.