«Administration provisoire» plutôt qu'«occupation», dit Washington

George W. Bush
Photo: Agence Reuters George W. Bush

Washington - La Maison-Blanche a indiqué hier que ses plans pour administrer l'Irak après un éventuel départ de Saddam Hussein ne pouvaient être considérés comme une «occupation» de ce pays.

Le porte-parole de la présidence américaine, Ari Fleischer, a souligné que toute administration provisoire de l'Irak après un départ de Saddam Hussein s'apparenterait à celle actuellement mise en place en Afghanistan. «Je ne pense pas que quiconque occupe l'Afghanistan», a-t-il souligné.

Le quotidien The New York Times a affirmé hier que l'administration Bush élabore un plan d'occupation de l'Irak après la chute du régime de Saddam Hussein prévoyant un gouvernement militaire dirigé par les Américains et des procès pour crimes de guerre de dirigeants irakiens.

Ari Fleischer a toutefois indiqué qu'il «y a des plans qui sont évoqués» pour une administration de l'Irak après un départ de Saddam Hussein.

«Si Saddam est destitué, l'Irak ne doit pas s'effondrer. L'administration considère plusieurs moyens de l'en empêcher, avec des partenaires internationaux», a déclaré le porte-parole.

«Les États-Unis n'iraient pas là-bas pour s'en aller tout de suite», a-t-il affirmé, en ajoutant que «nous voudrions un transfert rapide du pouvoir aux Irakiens».

«Nous maintiendrons la présence nécessaire à la paix et à la sécurité», a précisé Ari Fleischer.

Selon le New York Times, le plan de l'administration américaine, qui n'est encore qu'au stade de discussions, prévoit une période de transition avant la mise en place d'un gouvernement civil élu en Irak allant de plusieurs mois à des années.

Comme le Japon en 1945

Le plan en discussion prévoit de nommer un commandant militaire américain — peut-être Tommy Franks, commandant des forces amé.ricainss dans le Golfe persique —comme responsable en Irak pendant un an ou plus, le temps que les États-Unis et ses alliés recherchent et détruisent les armes de destruction massive, toujours selon le New York Times.

Cette disposition rappellerait l'administration mise en place au Japon par les Américains après 1945, sous la direction du général Douglas McArthur.

«Ce n'est pas ce qui est envisagé», a affirmé Ari Fleischer. Il a toutefois souligné que l'un des objectifs d'une administration provisoire de l'Irak serait de localiser et de détruire les armes de destruction massive possédées par l'Irak.

«Si on en vient à la guerre, c'est parce que nous voulons détruire les armes de destruction massive. C'est un objectif militaire qui serait le motif de l'attaque», a-t-il souligné.

Interrogé sur la nature et la composition d'un gouvernement irakien vers lequel pourrait être transféré le pouvoir, le porte-parole de la présidence a indiqué qu'il serait composé de personnes actuellement «à l'intérieur et à l'extérieur de l'Irak». Selon lui, «il ne fait pas de doute que les Irakiens veulent être libres».

Selon le New York Times, l'administration américaine veut empêcher que la situation qui a suivi la chute des talibans en Afghanistan ne se reproduise en Irak, soit l'anarchie et les guerres entre factions.

Dans l'éventualité où le régime de Saddam Hussein serait renversé avant même des frappes américaines, des responsables américains parlant sous le couvert de l'anonymat ont dit au quotidien new-yorkais que les États-Unis pourraient intervenir quand même, et ce afin de pacifier le pays.

Entre-temps, les tractations diplomatiques se poursuivent. L'Irak est prêt à recevoir des inspecteurs en désarmement de l'ONU dès la semaine prochaine, ont annoncé hier des diplomates à l'ONU, quelques heures après que la Maison-Blanche eut obtenu le feu vert du Congrès pour un éventuel recours unilatéral à la force contre Bagdad.

Le premier ministre britannique Tony Blair a pour sa part estimé qu'une nouvelle résolution sur l'Irak ne tarderait pas à être adoptée à l'ONU, expliquant que «les choses avançaient très rapidement».

Moscou s'est montré ouvert hier à une nouvelle résolution de l'ONU favorisant un travail plus efficace des inspecteurs en désarmement en Irak mais a réaffirmé son opposition à une résolution prévoyant le recours automatique à la force contre Bagdad.

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