Désarmement de l'Irak - Washington tente de rapprocher les membres du Conseil de sécurité
Washington— Tout en restant ferme sur sa volonté de neutraliser la menace irakienne, George W. Bush a employé un ton plus conciliant en affirmant hier que l'option militaire était «son dernier choix», alors que Moscou semble se rallier à l'idée d'une nouvelle résolution à l'ONU.
«L'option militaire est mon dernier choix», a déclaré le président américain lors d'un déplacement à Knoxville (Tennessee), après avoir mis la veille son homologue irakien Saddam Hussein en demeure de désarmer, en espérant que «cela ne nécessitera pas une action militaire».Appelant le Congrès américain à voter une résolution l'autorisant à recourir à la force contre l'Irak si nécessaire, M. Bush avait également précisé qu'un tel vote «ne signifie pas qu'une action militaire soit imminente ou inévitable».
De son côté, le secrétaire d'État américain, Colin Powell, a déclaré que les États-Unis tentaient de trouver une solution au désaccord avec la France et la Russie sur la mention d'un éventuel usage de la force dans une nouvelle résolution de l'ONU sur le désarmement irakien.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Igor Ivanov, a fait savoir, selon Interfax, que la Russie était prête à soutenir au Conseil de sécurité de l'ONU «des propositions visant à augmenter l'efficacité de la mission des inspecteurs en désarmement en Irak».
Mais interrogé sur un projet de résolution français, il a estimé qu'il était encore «trop tôt pour parler d'une résolution concrète» puisque «plusieurs idées sont en train d'être discutées officieusement».
Techniquement, tout est prêt pour le retour des inspecteurs en Irak, et «il ne faut pas créer d'obstacles artificiels» à leur retour, a estimé M. Ivanov.
L'un de ses vice-ministres, Iouri Fedotov, avait auparavant jugé que «le projet français de résolution, dans sa forme actuelle, correspondait à la position russe».
Paris prône une démarche en deux temps au Conseil de sécurité, prévoyant une résolution précédant l'envoi des inspecteurs en désarmement de l'Irak, suivie d'une autre résolution si ce pays ne respectait pas ses obligations. Et ceci sans écarter, mais uniquement dans le cadre de l'ONU, une guerre comme «dernier recours», selon la formule employée hier par le premier ministre français Jean-Pierre Raffarin devant les députés français.
Le ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a quant à lui jugé «inutile» que la France utilise son droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU sur la crise irakienne.
Commentant le discours du président Bush, le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, a estimé que le Conseil de sécurité de l'ONU devait maintenant «créer les conditions» pour un retour «immédiat» de ses inspecteurs en désarmement en Irak.
Débats au Sénat
Le Sénat a repris hier ses débats sur l'Irak et malgré la persistance de divisions dans les rangs de la majorité démocrate, son dirigeant Tom Daschle a exprimé l'espoir qu'un vote donnerait dès demain au président Bush l'autorité qu'il réclame pour éventuellement utiliser la force contre Bagdad.
De son côté, la Chambre a entamé hier des débats sur le même texte et devrait également vraisemblablement l'adopter à une large majorité demain.
«J'ai bon espoir qu'un vote sur la résolution pourra avoir lieu jeudi matin», a déclaré M. Daschle à la presse. Et «je suis enclin à soutenir ce texte [...] quand le moment viendra», a ajouté le sénateur du Dakota du Sud en notant toutefois que les démocrates «devraient continuer à essayer de l'améliorer».
Tom Daschle a également estimé que l'intervention lundi soir de M. Bush à Cincinnatiavait, «a amélioré notre compréhension de ses intentions ainsi que de son appréciation du besoin de recourir à la force» en Irak.
M. Daschle s'est aussi félicité des efforts entrepris par l'administration de porter cette affaire devant les Nations unies et la communauté internationale ainsi que de sa coopération avec le Congrès.
Le sénateur Joseph Lieberman a prédit hier qu'à la fin des débats «les sénateurs voteraient pour une résolution équilibrée et responsable indiquant clairement que la guerre est la dernière option».