Surenchère à Gaza - Milice du Fatah contre milice du Hamas

Gaza — Des combattants du Fatah ont annoncé hier à Gaza la formation d'une milice armée de 2000 hommes destinée à contrer une nouvelle force de police mise sur pied la semaine dernière par le Hamas.
L'apparition de ces deux groupes rivaux fait craindre un accroissement des affrontements interpalestiniens susceptible de déstabiliser encore un peu plus l'appareil de sécurité officiel écartelé entre le président Mahmoud Abbas, chef du Fatah, et les dirigeants du Hamas, désormais au gouvernement.La nouvelle force du Fatah «sera chargée de protéger les enfants et les institutions du Fatah contre les attaques, qu'elles viennent d'Israël ou de l'intérieur», a annoncé Al Moua'tassem Billah, porte-parole de cette nouvelle milice.
Pour illustrer la mission de celle-ci, près d'une centaine de ses membres se sont livrés publiquement à des exercices militaires sur un terrain vague du camp de réfugiés de Rafah, mimant assauts, embuscades et libérations d'otages.
Aux élections législatives de janvier dernier, le Hamas a écrasé le Fatah, qui contrôle largement les forces de sécurité officielles palestiniennes, mais son gouvernement fait l'objet d'un blocus financier qui accroît rancoeurs et tensions à Gaza.
Le ministre de l'Intérieur du Hamas, Saïd Seyam, a mobilisé la semaine dernière 3000 hommes pour former une sorte de milice chargée de mettre fin au chaos armé dans le territoire, une initiative désavouée par le président Abbas.
La milice du Fatah avait été formée pour «défier la force du Hamas que nous considérons comme illégale», a déclaré Billah. «Nous ne voulons pas l'affronter, mais si cela se produit, nous ne resterons pas les bras croisés», a-t-il ajouté.
À la suite du veto opposé le mois dernier par Abbas à la nomination par le Hamas d'un activiste recherché par Israël à la tête des forces de sécurité, des affrontements entre les deux camps avaient fait une trentaine de blessés.
Billah a accusé le Hamas, qui observe depuis plus d'un an une trêve de facto avec Israël, de parrainer certains groupes armés qui ont établi des camps sur des terrains d'anciennes colonies juives évacuées l'été dernier.
«S'ils sont sérieux au sujet du rétablissement de l'ordre, qu'ils commencent par démanteler leurs propres camps d'entraînement et qu'ils quittent ces terres libérées», s'est exclamé Billah.