La crise politique s'aggrave en Irlande du Nord

Londres — Le chef protestant de l'exécutif nord-irlandais, David Trimble, a aggravé un peu plus la crise politique dans la province en lançant hier un ultimatum d'une semaine à Londres pour obtenir l'exclusion des catholiques républicains de son gouvernement.

«Si une telle motion n'était pas déposée avant mardi prochain [devant l'assemblée locale], les unionistes d'Ulster n'auraient d'autre alternative que de quitter l'exécutif», a déclaré David Trimble devant Downing Street, à l'issue d'un entretien avec le premier ministre britannique Tony Blair.

Cette motion a fort peu de chances de succès, car elle nécessite le soutien d'une majorité d'élus catholiques nationalistes, ce qui semble exclu. Le SDLP (parti social-démocrate et travailliste) des nationalistes modérés a déjà promis de voter contre.

«Le premier ministre convient que nous nous trouvons à un moment de vérité, que le temps où les républicains jouaient sur les deux tableaux est révolu», a poursuivi M. Trimble.

Pour sa part, le ministre Sinn Féin à l'Éducation d'Irlande du Nord, Martin McGuinness, a déclaré que les républicains voulaient que les accords de paix d'avril 1998 «soient mis en oeuvre». «Le premier ministre [Tony Blair] se doit de défendre ces accords», a-t-il souligné.

Le ministre britannique à l'Irlande du Nord, John Reid, s'est pour sa part refusé à dire quelle serait la voie choisie par Londres.

Par ailleurs, le protestant ultra Ian Paisley a exigé hier la démission de M. Reid, l'accusant de négligences, lors de ce qui pourrait être la dernière séance de l'Assemblée d'Irlande du Nord avant une suspension.

Un homme «a été employé ici avec accès au bureau du ministre et il a été pris la main dans le sac», copiant des documents confidentiels, a déclaré à l'assemblée locale le chef des Démocrates unionistes (DUP).

William Mackessy est devenu hier le troisième militant du Sinn Féin, l'aile politique de l'IRA, à être déféré devant la justice et inculpé de «possession d'information pouvant être utilisée par des terroristes».

Cet homme de 44 ans est accusé d'avoir photocopié du courrier entre le bureau de John Reid à Belfast et Downing Street et les comptes rendus de réunions avec les premiers ministres britannique et irlandais.

Une suspension des institutions nord-irlandaises nées des accords d'avril 1998 semble maintenant plus que jamais inévitable. Elle permettrait au gouvernement britannique de gagner du temps pour trouver une issue à la crise tout en évitant de déposer une motion pour exclure les ministres Sinn Féin, une mesure qui serait perçue comme partiale.

Entre-temps, le ballet des responsables doit se poursuivre à Downing Street. Après David Trimble hier, Tony Blair doit recevoir ce soir le premier ministre irlandais Bertie Ahern puis, jeudi, le président du Sinn Féin Gerry Adams.

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