La bande de Gaza s'embrase

Gaza — La bande de Gaza s'est embrasée hier avec la mort de 18 Palestiniens, dont 14 tués dans l'une des incursions israéliennes les plus sanglantes de l'Intifada et quatre autres lors de heurts interpalestiniens survenus après l'assassinat d'un responsable de la police.
Un Palestinien a en outre été tué en Cisjordanie par des soldats israéliens à un barrage proche de Naplouse. Son décès porte à 2563 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada fin septembre 2000, dont 1898 côté palestinien et 615 côté israélien.Des chars, appuyés par des hélicoptères d'assaut, sont entrés avant l'aube dans le camp de réfugiés de Khan Younès, où une centaine de Palestiniens ont été blessés, dont huit par des tirs contre un hôpital. La troupe, au bout de quelques heures, a regagné sa base dans une colonie juive voisine.
Le mouvement palestinien Hamas a appelé les organisations armées à frapper Israël en représailles au «massacre» de Khan Younès, où des funérailles rassemblant environ 15 000 personnes ont eu lieu pour les 14 victimes, dont huit ont été tuées par une roquette tirée par un hélicoptère.
L'armée a affirmé que l'opération avait pour but de «détruire des infrastructures terroristes» du Hamas, responsable de plusieurs attentats suicide sanglants en Israël. Elle a affirmé avoir découvert des mortiers et des engins piégés lors des perquisitions.
Le général Israël Ziv, commandant du secteur de Gaza, a déclaré que la plupart des Palestiniens «tués étaient des hommes armés qui ont attaqué les soldats à l'arme automatique et à la grenade», et fait état de tirs d'obus de mortier et de missiles à partir de cette région sur des colonies.
Le haut responsable palestinien Saëb Erakat a affirmé que ce «massacre odieux» était un «prélude à une réoccupation de la bande de Gaza», alors qu'un autre responsable, Nabil Abou Roudeina, a appelé l'ONU à envoyer une force de protection internationale dans les territoires palestiniens.
Les États-Unis se sont déclarés «profondément troublés» par l'opération israélienne et demandé «à l'armée d'enquêter sur les conditions dans lesquelles ces morts sont survenues». Le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw a estimé que les actions israéliennes n'étaient «pas justifiées». Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, l'UE, la France, la Russie et l'Égypte ont également condamné l'incursion de Khan Younès.
Entre-temps, le chef de la police palestinienne anti-émeutes pour la bande de Gaza et la Cisjordanie, Rajeh Abou Lehya, 55 ans, a été abattu par balles dans le camp de réfugiés de Nusseirat, un crime attribué au Hamas.
Selon la police, environ 20 activistes du Hamas armés ont installé un faux barrage et intercepté la voiture d'Abou Lehya, qu'ils ont ensuite enlevé et torturé avant d'abattre de dix balles.
Un responsable du Hamas a démenti ces accusations imputant l'assassinat à une «vengeance familiale». Des témoins avaient auparavant indiqué que des activistes se présentant comme des membres du Hamas avaient annoncé par haut-parleurs à Nusseirat avoir tué Abou Lehya en représailles à la mort de deux des leurs tués par la police anti-émeutes en 2001. Quelques heures après, des heurts ont éclaté entre des membres du Hamas et des policiers à Gaza et Nusseirat, qui ont coûté la vie à deux membres et deux sympathisants du Hamas et blessé 35 personnes.