Une autre tuile pour la GBQ

Un passant regardait hier le trou laissé par la chute d’une lamelle de verre sur la façade de la Grande Bibliothèque donnant sur la rue Berri.
Photo: Jacques Grenier Un passant regardait hier le trou laissé par la chute d’une lamelle de verre sur la façade de la Grande Bibliothèque donnant sur la rue Berri.

Et de six... Une nouvelle lamelle s'est détachée hier du parement extérieur de la Grande Bibliothèque du Québec (GBQ) à Montréal. Pour une deuxième fois, le bris s'est produit rue Berri, sur la façade la plus visible de l'immeuble inauguré à la fin du printemps. Les quatre autres incidents enregistrés depuis le 20 juin, dont un la semaine dernière, provenaient du côté ouest, rue de Savoie.

La chute d'hier porte à une sur mille le nombre des lamelles affectées. Le périmètre de sécurité ceinturant l'édifice et les auvents couvrant les quatre entrées demeureront en place jusqu'à la détermination de la cause exacte des ruptures et l'adoption de mesures correctrices appropriées.

L'institution poursuit d'ailleurs les démarches pour établir «un diagnostic juste et un plan de correctifs sûrs et efficaces», selon un communiqué émis après la découverte de la sixième tuile. «Nous poursuivons une inspection préventive pièce par pièce qui a débuté le 5 juillet, explique au Devoir Patrice Juneau, de la direction des communications et des relations publiques de la Bibliothèque nationale du Québec (BNQ). La GBQ relève de la BNQ. L'inspection concerne toutes les pièces, soit quelque 6200 lamelles au total.

Les ouvriers vérifient les ancrages, les attaches, les tubes isolateurs et d'autres composantes de la structure. «L'inspection lamelle par lamelle doit se poursuivre jusqu'au milieu du mois d'août, dit M. Juneau. Les vacances de la construction ralentissent un peu le travail.»

La BNQ a également commandé une analyse indépendante en laboratoire afin de vérifier que le verre trempé a bien été fabriqué selon les normes spécifiées au devis de construction de la Grande Bibliothèque. Dans les prochains jours, une quarantaine de lamelles, choisies au hasard sur la portion de la rue Savoie, seront détachées et soumises à des tests.

Le porte-parole de l'institution ajoute que trois «avenues», indépendantes ou combinées, s'ouvrent vraisemblablement aux experts tentant d'expliquer le problème technique.

La première réfère à la «haute température extérieure» des derniers jours. Fait à noter, les deux tiers des bris proviennent de la façade la plus exposée au soleil.

La deuxième source d'explication implique les attaches. Les lamelles de verre de l'édifice sont fixées à des profilés structuraux en aluminium boulonnés à l'édifice. Ce système serait conçu pour permettre le mouvement de l'immeuble, de même que les mouvements de dilatation et de contraction provoqués par les variations de température.

La dernière hypothèse pointe vers un défaut de conception ou de fabrication du verre lui-même. À ce sujet, le communiqué de la GBQ émis hier rappelle qu'avant d'être installées, les lamelles de verre dépoli, trempé et enduit d'un revêtement céramique «ont subi plusieurs tests et essais touchant la dilatation des matériaux, la tolérance aux changements de température, les pressions et les charges causées par le vent, la neige, la glace et la pluie, la robustesse des éléments structuraux, la résistance au vandalisme et aux chocs, etc.»

Et quoi qu'il en soit, peu importe les conclusions des analyses, M. Juneau affirme que la BNQ n'assumera pas les frais de l'opération d'examen en cours ni des futures réparations. «Nous sommes protégés par des garanties, dit le responsable des communications. Nous sommes protégés tout comme l'est l'acheteur d'une maison neuve. Une fois la cause du problème bien précisée, on s'aura qui, de l'architecte, du contracteur ou de la compagnie de verre, devrait payer. Une chose est certaine: ce ne sera pas la BNQ.»

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