Un tour du monde en 10 titres

Stupeur
Zeruya Shalev
Figure incontournable de la scène littéraire israélienne, Zeruya Shalev (Ce qui reste de nos vies, prix Femina étranger en 2014) mêle souvent, avec brio, histoires individuelles et destins collectifs. Dans Stupeur, une femme au chevet de son père mourant et confus découvre l’existence de sa mystérieuse première épouse. En retrouvant sa trace, elle va aussi déterrer un douloureux passé dans la lutte armée clandestine, avant la fondation de l’État d’Israël. Leur rencontre va bouleverser de façon inattendue leur vie et liera à jamais leurs destins. L’écrivaine y « interroge la parentalité, le couple, mais aussi la culpabilité et les silences qui régissent nos vies ».
Gallimard, 28 septembre
Eden
Auður Ava Ólafsdóttir
Dans Eden, le nouveau roman de l’écrivaine islandaise Auður Ava Ólafsdóttir, une spécialiste des langues en voie d’extinction, toujours en déplacement d’un colloque à l’autre autour du monde, calcule son empreinte carbone et réalise qu’il lui faut planter 5600 arbres pour compenser la pollution dont elle serait responsable. Après avoir acheté une petite maison avec un terrain « de roche, de sable et de lave », elle projette d’y faire pousser une colonie de bouleaux. Avec un peu de botanique, comme dans Rosa Candida (Zulma, 2010), on nous présente ce nouveau roman comme une ode à l’humanité et au « pouvoir infini des mots ».
Zulma, 18 octobre
L’étoile du matin
Karl Ove Knausgaard
Après les six tomes de sa monumentale autobiographie (Mon combat, Denoël, 2012 à 2020), le Norvégien Karl Ove Knausgaard revient à la fiction avec L’étoile du matin, son troisième roman, le premier à être traduit en français. Dans une petite station balnéaire du sud de la Norvège, les neuf narrateurs du roman semblent tous être à un croisement de leur vie. Au matin, une immense étoile semble se rapprocher dangereusement de la surface de la Terre, tandis que d’autres phénomènes étranges surgissent dans la vie des personnages. Un gros roman choral « à l’atmosphère crépusculaire et mélancolique ».
Denoël, 20 septembre
Hêtre pourpre
Kim de l’Horizon
Lauréat des prestigieux Prix du livre allemand et Prix suisse du livre avec Hêtre pourpre, Kim de l’Horizon mêle dans ce premier roman un récit de formation au XXIe siècle avec une exploration des secrets de sa lignée maternelle, alors que sa grand-mère commence à perdre la mémoire. Tout en racontant sa découverte de son ascendance de « sorcières », le livre raconte aussi comment un enfant assigné garçon à la naissance « refuse d’être enfermé dans une identité de genre et revendique sa fluidité ».
Julliard, 6 octobre
Convoi pour Samarcande
Gouzel Iakhina
Dans les années 1920, alors que la famine fait rage dans la région de la Volga, le gouvernement soviétique met sur pied des convois d’évacuation pour sauver les enfants. Dans l’un de ces trains, l’officier de l’Armée rouge Deïev a la charge de 500 enfants, qu’il doit acheminer de Kazan jusqu’à Samarcande. L’écrivaine russe Gouzel Iakhina (Les enfants de la Volga) poursuit avec Convoi pour Samarcande son exploration sensible de l’histoire de l’URSS. Tout en faisant face aux fantômes de son passé et aux crimes qu’il a commis au nom du pouvoir soviétique, le protagoniste de son troisième roman montre un chemin possible vers la rédemption.
Noir sur Blanc, 4 octobre
À lire aussi
Nos textes de la Rentrée littéraire automne 2023
Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde
Wole Soyinka
Dans un Nigeria imaginaire, un entrepreneur rusé vend, pour des pratiques rituelles, des organes qui ont été dérobés à l’hôpital où travaille le docteur Menka, un chirurgien qui répare les victimes de Boko Haram. Ce dernier va en parler à son plus vieil ami, un ingénieur éminent et yoruba qui s’apprête à prendre un poste prestigieux aux Nations unies. Avec Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde, le romancier, poète et dramaturge nigérian nobélisé Wole Soyinka, né en 1934, revient en force avec cette satire politique humaniste au titre bien entendu ironique, qui se veut aussi un hommage aux Nigérians.
Seuil, 13 octobre
Misericordia
Lidia Jorge
Une vieille dame enregistre ses derniers jours en maison de retraite et nous offre « un condensé de force vitale, de dérision, de révolte, d’attention aux autres et de foi dans la vie ». Ce treizième roman de Lidia Jorge, Misericordia, est, selon son éditeur, l’un des livres les plus audacieux de la littérature portugaise actuelle ainsi qu’un témoignage admirable sur la condition humaine.
Métailié, 29 septembre
Tasmania
Paolo Giordano
Le narrateur de Tasmania, le nouveau roman de Paolo Giordano (La solitude des nombres premiers), un journaliste scientifique venu à Paris pour couvrir le sommet sur le climat de 2015 est pris dans un tourbillon de bouleversements intimes et collectifs — les attentats de Paris, une crise de son couple. Pour s’administrer un électrochoc et donner un nouveau sens à son petit univers, il va s’entourer de quelques personnages atypiques : un jeune physicien aventurier, un spécialiste des nuages, une reporter haute en couleur et un prêtre qui a rencontré la femme de sa vie.
Le bruit du monde, 20 septembre
La cité de la victoire
Salman Rushdie
Terminé avant l’attentat islamiste au couteau dont Salman Rushdie a été victime le 12 août 2022 — après lequel il a perdu un oeil et l’usage d’une main —, La cité de la victoire est une saga féministe et fantaisiste campée dans l’Inde du XIVe siècle. Une histoire présentée comme étant la traduction fictive d’une épopée indienne de vingt-quatre mille vers découverte dans une jarre en argile. Son autrice, la princesse-poétesse Pampa Kampana, avait la particularité de ne jamais vieillir et y raconte la naissance et le déclin de la ville qu’elle a tiré du néant.
Actes Sud, en librairie
Impossibles adieux
Han Kang
Une amie hospitalisée d’urgence sur le continent demande à Gyeongha de prendre l’avion vers l’île coréenne de Jeju pour aller sauver le perroquet blanc qu’elle a dû laisser tout seul là-bas. Gyeongha va trouver la maison de son amie remplie à craquer d’archives réunies pour documenter l’un des pires massacres que la Corée ait connus : 30 000 civils assassinés en 1948 et 1949 parce qu’ils étaient communistes. Avec Impossibles adieux, hymne à l’amitié et éloge de l’imaginaire, la Coréenne Han Kang (lauréate du prestigieux Man Booker Prize International en 2016 pour La végétarienne) explore avec puissance et doigté le passé parfois douloureux de son pays.
Grasset, 11 octobre