«Le loup», Nathalie Doummar

Avant Mama, comédie dramatique où 12 femmes d’origine égyptienne se relaient au chevet d’un patriarche mourant, Nathalie Doummar avait écrit Le loup, pièce aussi courte qu’intimiste dans laquelle un homme et une femme dressent le douloureux bilan de 30 ans de vie commune. Donald, 67 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer, comprenant qu’il bénéficie d’un éclair de lucidité, entreprend de dire à Solange, 55 ans, toute la vérité. Assailli de remords et de regrets, espérant que sa conjointe profite des années qu’il lui reste, il confesse les multiples violences quotidiennes qu’il lui a fait subir. Sans faux-fuyants, sans ménagement, en évitant le didactisme, mais en ayant adroitement recours à l’humour, la dramaturge expose les ravages du patriarcat, l’impact de la domination masculine sur le destin de toute une famille. Aussi tendu que sensible, crédible jusque dans son étonnante conclusion, le face-à-face, où il est notamment question de mariage, de grossesse, de santé, de travail et d’image de soi, tire des larmes libératrices.