«L’escalade»: Vladimir Poutine, danger public numéro un

Poutine est-il vraiment fou ?, demandeSergueï Jirnov sur la couverture de son nouvel ouvrage titré L’escalade. Selon lui, poser la question, c’est yrépondre. La communauté internationale devrait d’ailleurs s’inquiéter et prendre au sérieux les intentions mortifères du maître du Kremlin, qui menace régulièrement d’utiliser l’arme nucléaire depuis le déclenchement de son « opération spéciale » en Ukraine. C’est, en tout cas, le leitmotiv martelé dans les pages de l’essai de Jirnov, ex-espion du KGB réfugié en France.
Né à Moscou, Jirnov est devenu aujourd’hui journaliste et expert de la Russie. Déjà, dans son précédent ouvrage, L’engrenage (Albin Michel), il revenait sur la montée au pouvoir de Vladimir Poutine jusqu’aux plus hautes marches de l’État de la Fédération de Russie. L’auteur de 62 ans a d’ailleurs rencontré Poutine à quatre reprises et ne dissimule pas la piètre estime qu’il a envers le président, qu’il qualifie de « sociopathe » et même de « petite frappe » inapte à la fonction suprême. La guerre en Ukraine a fini par en faire un paria, un criminel de guerre isolé et paranoïaque qui joue au docteur Folamour, en référence au célèbre personnage du film de Stanley Kubrick, estime l’auteur. Mais au-delà des délires d’un dictateur qui semble plus que jamais déconnecté de la réalité, Jirnov décrypte le système politique passéiste et obsolète de son pays natal, grand héritier de l’Union soviétique qui a elle-même engendré une brochette de dirigeants despotiques.
Alors que le conflit en Ukraine s’enlise depuis plus d’un an, le livre éclaire sur la débâcle des troupes russes qui ne parviennent qu’à entretenir, depuis des mois, une guerre de tranchées anachronique dans l’est du pays. Les raisons sont multiples et complexes, raconte Jirnov, qui pointe, entre autres, une armée mal équipée et les mauvaises décisions du président et de son entourage qui compensent les dysfonctionnements structurels de la Russie avec un surarmement de l’arsenal nucléaire.
Ce qui pourrait paraître comme une bonne nouvelle, la victoire de Kiev contre Moscou, ouvre toutefois des perspectives incertaines pour la stabilité du monde, prévient l’auteur. Car une défaite de la Russie pourrait finalement amener le tsar à appuyer sur le bouton rouge afin de sauver la face. Il rappelle que la nouvelle doctrine nucléaire russe dévoilée en 2010 suggère l’utilisation d’armes atomiques en cas de menaces existentielles, signalant au passage l’ambiguïté de la formule.
Jirnov pense que l’utilisation de la bombe nucléaire tactique est plus probable. Bien qu’elle soit d’une puissance moindre, son utilisation pourrait avoir des répercussions catastrophiques en créant un engrenage apocalyptique. Et à ceux qui ne croient pas à un tel scénario, l’ex-agent rappelle que bien peu de gens avaient envisagé l’invasion de l’Ukraine en 2022. Avec Poutine, toute éventualité est dorénavant possible et les Occidentaux doivent dès maintenant se préparer au pire.