«L’invention d’un visage», Mathieu Laca

« Chaque peintre représente en quelque sorte un amoureux transi à la fenêtre du monde. » Voilà qui résume bien la posture d’Antoine, le narrateur du remarquable premier roman de Mathieu Laca. Après avoir été percuté par une voiture, le jeune homme se découvre atteint de prosopagnosie, un trouble neurologique qui l’empêche de reconnaître les visages. Afin de remédier à la situation, l’étudiant en arts visuels se lance dans l’exécution d’une série de portraits, une expérience pour le moins cathartique. Dans un cadre réaliste, l’auteur, dont on savait déjà qu’il était un talentueux peintre, se permet de poignantes envolées historiques, fantastiques, romantiques et même érotiques qui ne diluent jamais la teneur de son récit, bien au contraire. Ample, truffé d’échos et de mises en abyme, de symboles puissants et d’images fortes, le roman est un hymne senti au pouvoir salvateur de l’art. Notez que Mathieu Laca expose ses portraits d’Écrivain·e·s d’ici au Salon Art Club jusqu’au 4 juin.