«Ma vie d’espion», Thierry Horguelin

Quelle joie que de découvrir ce genre d’ovni qu’est une novella bien écrite, bien structurée et captivante, sans compter son style limpide, vif et lumineux. Le narrateur s’attribue le rôle d’un sombre personnage. S’imaginant suivi, il change, chaque fois qu’il est possible, ses itinéraires ; aux taxis, il donne de fausses adresses ; quand il surveille des inconnues, il se fait discret, inventif. Le plus important, c’est qu’il apprendra l’existence d’une certaine Teresa Manzoni : « une galeriste sans galerie. Elle organis[e] des expositions d’art éphémère dans des lieux à l’écart des circuits conventionnels ». Nous voilà alors projetés dans la mise en scène d’une satire de l’art contemporain qui est absolument jouissive. Féru de photographie, le personnage va tirer un seul cliché d’un événement secret organisé par la galeriste Manzoni. On s’en doute, ce geste est interdit. Bref, si vous aimez les faux romans policiers sur fond de faux arts obscurs, il faut lire ce livre particulier et très réussi.

 

Ma vie d’espion

★★★★

Thierry Horguelin, L’Oie de Cravan, Montréal, 2023, 80 pages

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