Un festival à hauteur d’enfant

Passionnées de littérature jeunesse, désireuses de rendre accessible un univers foisonnant, peuplé d’auteurs, d’illustrateurs, d’éditeurs dévoués et talentueux, Valérie Léger, organisatrice et cofondatrice de l’événement, et ses acolytes ont concocté une 3e édition du Festival de littérature jeunesse de Montréal qui permet aux enfants de s’immerger dans ce monde qui leur appartient.
D’abord née du prolongement du blogue littéraire Page par Page, fondé en 2016 par Valérie Léger et Françoise Conea — dans lequel quelques textes jeunesse apparaissaient parfois —, l’idée de créer un festival de littérature jeunesse a rapidement fait boule de neige dans la petite équipe. « On a créé un OBNL en 2017, puis on a formé un CA qui compte sept femmes. Chacune avait sa vision de ce que pouvait être une fête autour de la littérature jeunesse et c’est devenu beaucoup plus gros que ce qu’on avait en tête au début. Les artistes ont embarqué dès la première année », explique avec enthousiasme Valérie Léger au bout du fil.
Le festival, c’est une porte ouverte sur la littérature jeunesse, une grande fête gratuite : « On y tient depuis le jour un », explique la coorganisatrice de l’événement. « On veut non seulement attirer les familles qui ont déjà accès à ça, mais attirer aussi de nouveaux arrivants, des familles moins favorisées […] bref, c’est une journée où on veut que tous les enfants se sentent bienvenus. » Fidèle à cette mission, le comité s’assure chaque année de bonifier l’offre et d’élargir les horizons : « On a le souci que les gens se sentent représentés au Festival. Cette année, pour la première fois, on a fait une association avec l’AQEPA (Association du Québec pour enfants avec problèmes auditifs), donc les malentendants vont être accueillis par l’organisme qui sera présent, mais aussi par des interprètes. On parle aussi de diversité culturelle, de diversité sexuelle ; on est convaincus que la littérature jeunesse est un bon moyen de s’ouvrir sur le monde, d’avoir des discussions », explique Valérie Léger.
La programmation variée est d’ail-leurs à l’image de cette mission. Cette fête, c’est 26 exposants, dont une vingtaine de maisons d’édition présentes. C’est aussi des activités interactives, des rencontres avec les artistes — notamment Marianne Dubuc, Jacques Goldstyn, Simon Boulerice, porte-parole de l’événement, Sarahmée, qui viendra présenter son livre jeunesse (Ma peau, Kata éditeur) et parler diversité — et du théâtre, avec la compagnie Motus et son fabuleux Baobab, une histoire inspirée d’un conte africain.
Maintenant bien établie, de plus en plus appréciée et connue du grand public, la littérature jeunesse québécoise gagne toujours en intérêt grâce à des artistes, des éditeurs qui travaillent avec minutie et sérieux pour offrir des oeuvres de qualité aux enfants. Trentenaire, Valérie Léger est consciente et fière de cette richesse qu’elle découvre depuis peu. « On se rend compte que nous, notre génération, on ne connaissait pas vraiment les auteurs jeunesse, et là, c’est en train de changer, on se rend compte que les jeunes du primaire ont des idoles de littérature jeunesse au Québec. Je pense à Cara Carmina, Marianne Dubuc, Jacques Goldstyn […] Je trouve ça beau. Certains enfants ont des idoles, comme des joueurs de hockey, de soccer, mais pour d’autres, ce sont eux, les auteurs illustrateurs. »
L’importance de pouvoir rencontrer les artistes, leur parler, échanger et assurer une proximité avec eux reste d’ailleurs un des plus importants objectifs de cette journée. « La première année, j’ai vu un petit garçon qui voulait absolument parler à Jacques Goldstyn parce qu’il avait une idée pour son prochain livre et voulait la lui expliquer. Le Festival, dans sa formule actuelle, permet ce rapprochement-là dans un cadre qui est assez calme », raconte, émue, Valérie Léger.
Cette fête, organisée essentiellement pour les enfants — qui peuvent amener leurs parents s’ils le veulent, souligne en riant la cofondatrice —, mise sur cette formule accessible, conviviale, à hauteur de ces petits êtres qui ont soif de découvrir la lecture. « Simon l’avait dit à l’an un. Il suffit de mettre le bon livre, au bon moment dans les mains d’un enfant et ça peut changer une vie. Et on y croit profondément. On veut créer ça pour les enfants […] comme une journée de sport à grand déploiement, mais une journée de littérature jeunesse à grand déploiement, sur les stéroïdes un peu (rire). Ça reste notre carburant à toutes. Émerveiller les enfants, créer des liens de proximité avec le domaine », conclut pleine d’espoir, Valérie Léger.