Résonance, une nouvelle librairie consacrée à la musique

Sur les étagères du petit local de la rue Beaubien, une biographie de David Bowie côtoie un essai sur les Spice Girls et un manuel d’écriture hip-hop de Webster. Le propriétaire de la nouvelle librairie Résonance, Jean Lavigne, l’explique d’emblée : la popularité grandissante du livre depuis le début de la pandémie l’a encouragé à réaliser un vieux rêve d’ouvrir sa boutique spécialisée en musique et en culture populaire.
L’actuel contexte a « bousculé » ses plans. « Je me suis retrouvé à 55 ans devant un choix important à faire : tenter de garder en vie mon gîte touristique sur la rue Saint-Denis, ou tout lâcher et me réinventer en lançant ma librairie. J’ai pas hésité longtemps », lance-t-il tout sourire.
Mélomanes et simples amateurs devraient facilement y trouver leur compte. Dans l’établissement de Rosemont–La-Petite-Patrie, qui a ouvert ses portes à la mi-novembre, on trouve de tout en lien avec la musique : biographies, autobiographies, bandes dessinées, essais sociologiques ou encore récits historiques. Une section a même été réservée aux enfants. Un livre graphique qui illustre les paroles de John Lennon et Paul McCartney, With a Little Help from My Friends, a d’ailleurs été la toute première vente de M. Lavigne.
« C’est un rêve qui se réalise, confie-t-il. J’ai toujours été comme un enfant dans un magasin de jouets lorsque je me retrouvais dans une librairie. Alors, avoir la mienne, c’est encore mieux. » L’idée de se spécialiser en musique est quant à elle apparue au cours de ses recherches, comme une « évidence », précise celui qui se décrit comme un fervent amateur de musique, un grand consommateur de concerts et un éternel curieux de tout ce qui touche de près ou de loin le milieu.
À peine trois semaines après l’ouverture, il se réjouit de l’accueil que reçoit sa librairie. « Je dirai qu’environ une personne sur trois repart avec un achat. Il y a les curieux qui s’arrêtent pour découvrir l’endroit. Et il y a les mélomanes qui entrent en cherchant un ouvrage en particulier. […] Ils m’aident à affiner mes recherches. »
Car en plus d’assurer la permanence chaque jour, de conseiller les clients et d’enregistrer les commandes, il fait lui-même toutes les recherches pour garnir ses étagères. « C’est fascinant, car ce sont les livres plus pointus qui plaisent le plus, des livres qui abordent des mouvements plus larges liés à la musique, comme le féminisme, le racisme, les communautés LGBTQ, etc. » S’adapter à sa clientèle constitue d’ailleurs son principal défi des prochains mois. « Ça et survivre, ajoute-t-il en riant. Mais j’ai confiance, le livre n’est pas près de disparaître. »
L’engouement se poursuit
Jean Lavigne n’est pas le seul à s’être lancé dans le vide en faisant le pari d’ouvrir une nouvelle librairie en pleine pandémie. D’après l’Association des libraires du Québec (ALQ), treize nouvelles librairies indépendantes ont vu le jour durant la crise sanitaire, dont neuf en 2021. Si, en contrepartie, cinq établissements ont dû fermer entre mars et décembre 2020, un seul a mis la clé sous la porte cette année. Il s’agit de la librairie Paulines à Trois-Rivières.
Cette croissance s’explique en partie par la grande popularité du livre durant la pandémie. Confinés chez eux une bonne partie de l’année 2020, les Québécois se sont plongés dans la lecture pour passer le temps. Et malgré la réouverture des cinémas, des théâtres, des musées ou encore des salles de spectacle, la lecture semble être restée dans leurs habitudes en 2021.
D’après les plus récentes données compilées par la Société de gestion de la Banque de titres de langue française (BTLF), les ventes globales en librairies étaient en hausse de 25,3 % à la fin octobre, comparativement à la même période l’année précédente. Rappelons que l’année 2020 avait terminé avec une augmentation globale de 2,5 % des ventes en librairie comparativement à 2019, malgré la fermeture imposée des magasins, des écoles et des bibliothèques publiques pendant plusieurs mois.
« On se permet d’avancer que la pandémie aura vraiment réussi à créer de nouveaux lecteurs et fait en sorte que des lecteurs occasionnels deviennent des lecteurs plus assidus », se réjouit la directrice générale de l’ALQ, Katherine Fafard.
L’engouement pour la lecture se fait aussi sentir du côté des grandes chaînes de livres, qui ne font pas partie des données compilées par la BTLF. Les ventes ne cessent d’augmenter dans les magasins Renaud-Bray et Archambault, où la fiction connaît cette année un succès monstre. Dans les librairies Carcajou, on estime l’augmentation des ventes à environ 30 %. Et ce, malgré les « divers pépins » que le milieu a dû surmonter dernièrement, tels que la pénurie de papier ou les retards dans le transport outre-mer, fait valoir Élise Massé, responsable des commandes en ligne.