Planète rebelle change de main

À quelques mois de souligner ses 25 ans d’existence, la maison d’édition Planète rebelle, spécialisée dans le conte et l’oralité, change de garde et passe entre les mains d’un jeune joueur dans le milieu, les Éditions Kata.
La passation et la réunification des deux équipes doivent être annoncées lors de la première journée du Salon du livre de Montréal, jeudi. Luca Palladino, à la tête de Kata, reprendra officiellement les rênes de la petite maison d’édition à compter de janvier, tout en continuant de diriger la sienne.
« À mon grand âge, 70 ans l’année prochaine, il faut savoir passer la main à un moment donné. J’avais envie de prendre ma retraite. […] Mon seul souhait, c’était que Planète rebelle me survive et continue avec son mandat éditorial singulier », explique en entrevue au Devoir Marie-Fleurette Beaudoin, directrice de Planète rebelle pour encore un mois. Les deux employées de sa petite équipe ne se sentant pas prêtes à reprendre le flambeau, Mme Beaudoin s’est résolue à vendre dans la dernière année. Après avoir épluché attentivement plusieurs offres alléchantes, celle de Luca Palladino l’a agréablement surprise et séduite.
Kata — pour « catastrophe » — cherche à travers ses publications à sensibiliser les jeunes et moins jeunes aux risques de catastrophes écologiques. C’est une toute jeune maison d’édition qui a vu le jour juste avant la pandémie. Son propriétaire, lui, en connaît toutefois tout un rayon sur le milieu de l’édition dans lequel il a occupé différents postes depuis presque 25 ans.
À ses yeux, reprendre le flambeau de Planète rebelle était tout simplement une « évidence ». « Kata et Planète rebelle ont toutes les deux ce même désir d’engagement, que ce soit social ou écologique. Les deux maisons d’édition ont aussi cette volonté d’utiliser les leçons du passé pour se projeter vers l’avenir », indique M. Palladino.
Il est bien décidé à soutenir et défendre l’identité de Planète rebelle, se disant « privilégié » de pouvoir revaloriser son catalogue de plus de 220 publications imprimées, audio et numériques. D’ailleurs, pas question que cette réunion fasse disparaître la marque. « Planète rebelle restera comme nom, il y a un trop fort attachement émotif des lecteurs à sa marque. On va simplement réunir sous un grand chapeau nos deux maisons d’édition, qui ont des identités fortes et complémentaires. »
Et si les débuts de Kata ont été difficiles, le lancement des premières parutions ayant été retardé par la pandémie, M. Palladino est confiant pour l’avenir. « C’est sûr qu’un rachat, ça fait toujours un peu peur. Ce n’est pas rien. Mais comme éditeur, si tu ne te mets pas un peu en danger et que tu n’as pas un peu peur, c’est que tu n’es peut-être pas à la bonne place, en fait. Ces petites angoisses-là, c’est ce qui stimule, c’est bon, c’est positif », assure-t-il. Il pourra en plus bénéficier des « conseils précieux » de Marie-Fleurette Beaudoin, qui sera présente pendant les premiers mois pour assurer la transition.