Christine Angot remporte le prix Médicis

L’écrivaine française Christine Angot a remporté mardi le prix Médicis pour Le voyage dans l’Est (Flammarion), récit percutant de l’inceste dont elle a été victime. Kevin Lambert, auteur québécois originaire de Chicoutimi, était aussi en lice — pour une deuxième année consécutive, mais pour la première fois cette année dans la sélection finale.
Il s’y retrouvait, détours et délais de l’édition internationale, avec son premier livre Tu aimeras ce que tu as tué, paru ici chez Héliotrope en 2017, et repris pour la France par le Nouvel Attila.
C’est ce même éditeur qui a ouvert le marché français à M. Lambert l’an dernier en reprenant et en remaniant légèrement son Querelle de Roberval (Héliotrope, 2018), devenu pour l’Hexagone Querelle.
Réuni dans un restaurant du quartier de l’Odéon à Paris, le jury du Médicis a finalement couronné la romancière Christine Angot, 62 ans, pour l’un des livres les plus remarqués de la rentrée littéraire 2021. Très émue devant le jury, elle l’a remercié en disant : « C’est très important. » Interrogée par la presse, elle a dit être heureuse pour ceux qui l’entourent.
« Ça compte vraiment […] C’est-à-dire qu’il y a des gens qui sont là, qui vous aident, qui vous soutiennent, qui manifestent qu’ils sont avec vous », a-t-elle expliqué. Christine Angot a également été retenue mardi parmi les quatre finalistes du prix Goncourt, qui sera remis le 3 novembre.
Autres lauréats
Le prix Médicis du roman étranger a été remis au Suédo-Tunisien Jonas Hassen Khemiri pour La clause paternelle (Actes Sud).
« C’était une surprise. C’est un honneur énorme d’avoir ce prix. Pas seulement pour le prix, mais c’est pour le livre aussi la possibilité de trouver de nouveaux lecteurs », a expliqué ce romancier, de père tunisien et de mère suédoise, qui écrit en suédois et parle français couramment.
La clause paternelle raconte les tiraillements d’un trentenaire suédois d’origine étrangère qui va remettre en cause l’autorité de son père immigré.
Dans cette sélection se retrouvait aussi Les occasions manquées, de l’Allemande Lucy Fricke, porté en français aux éditions Le Quartanier, dans une traduction d’Isabelle Liber.
Le prix de l’essai a été décerné à la Française Jakuta Alikavazovic pour Comme un ciel en nous (Stock). Ce livre, dans une collection qui raconte les nuits d’écrivains au musée, en l’occurrence celui du Louvre, est une exploration de l’histoire personnelle de l’autrice, fille d’exilés arrivés de Yougoslavie à Paris.
« C’est un livre sur une nuit, c’est aussi un livre sur une vie. Deux peut-être : celle de mon père, qui est arrivé en France au début des années 1970, et la mienne, moi qui suis née à Paris à la fin des années 1970. Et sur les moyens qu’il a trouvés, et le Louvre en fait partie, de me transmettre quelque chose, ce qui n’allait pas de soi puisqu’il a quitté son pays, sa famille, sa langue, qu’il fallait trouver un terrain commun. Ce terrain, c’est l’art », a-t-elle déclaré à l’AFP.