L’automne des grandes pointures en polar

Adil Boukind Le Devoir

Ici, chez les éditeurs québécois, on attend avec impatience plusieurs nouveaux titres (dont un deuxième Thomas King chez Alire et un nouveau Scott Thornley dans la collection Boréal Noir). Idem des éditeurs étrangers, dont la générosité déborde. De cette profusion, nous avons retenu le quintette suivant.
 


Les gouffres du Karst, André Jacques

 

Le Québécois lancera son antiquaire-enquêteur Alexandre Jobin sur la piste d’un vieil ennemi dans Les gouffres du Karst (Druide, dès le 22 septembre). Jobin est à la retraite, mais un de ses amis devenu agent du SCRS vient de tomber sous les balles de mafieux dans un entrepôt du nord de la ville et on lui demande de reprendre l’enquête. Il est question ici de trafic d’armes et d’œuvres d’art, la spécialité de Jobin, mais il y a aussi un parfum de vengeance qui se mêle à l’affaire.

C’est que l’origine du trafic se situe près de Trieste, en Italie, quelque part dans ce massif calcaire accidenté du Karst où Jobin a officié longtemps durant la guerre des Balkans. L’antiquaire-enquêteur s’est fait là des ennemis puissants et, malgré les ordres de ses supérieurs, électron libre plus que jamais, il se lance à la poursuite d’un impitoyable trafiquant avec l’aide de deux improbables alliées. (Druide, dès le 22 septembre)

Stigmates, Richard Ste-Marie

On aime bien les flics cool comme Francis Pagliaro, cultivé, amateur de musique, philosophe ; c’est chaque fois un bonheur de voir cet alter ego de Richard Ste-Marie plonger dans une enquête. Même dans une vieille enquête comme dans ce Stigmates, alors que la tentative de suicide d’un prisonnier amène Pagliaro à remettre en question ses conclusions et à rouvrir le dossier. Le pharmacien Gaétan Rivard avait avoué deux meurtres à l’époque, mais, en creusant, le policier se rend compte que le véritable auteur de la tuerie est toujours en liberté et qu’il a probablement en main les éléments pour le coincer. Tout tourne en fait autour d’un dessin d’enfant que Rivard lui a remis avant de tenter de mettre fin à ses jours… (Alire, dès le 16 septembre)

 

L’innocence et la loi, Michael Connelly

Certains ne s’en plaindront pas, mais Mickey Haller, l’avocat à la Lincoln et demi-frère d’Harry Bosch vient de se faire piéger. Solidement. C’est que l’avocat a le don de tomber sur les nerfs d’un peu tout le monde, et surtout sur ceux de gens contrôlant des secteurs d’activité, disons, illicites et lucratifs. Bref, Haller est dans de mauvais draps quand on trouve un cadavre dans le coffre de son auto. D’autant plus que, même s’il n’a absolument rien à voir avec cette histoire, toutes les preuves l’accusent de façon irréfutable…

Heureusement, Harry Bosch est là, tout comme l’ex de Haller, et tous deux s’acharnent à démontrer l’innocence de l’avocat. En fait, plus ils creuseront l’affaire et plus tout cela prendra l’allure d’une vaste conspiration flairant la corruption à une très large échelle. (Calmann-Lévy, fin novembre)

En eaux dangereuses, Donna Leon

 

L’eau est une question prioritaire à Venise, on le sait, et c’est d’abord de cela qu’il sera question dans le plus récent Donna Leon. La ville est construite, à l’intérieur d’une lagune, sur une forêt de pilotis reliant une série de petites îles. Et ce qui rendait la Sérénissime invulnérable souligne plutôt, des siècles plus tard, son fragile équilibre.

Donna Leon a déjà abordé ce sujet aussi crucial que délicat de la qualité des eaux entourant la cité des Doges (surtout dans Les disparus de la lagune chez le même éditeur), mais le commissaire Brunetti se retrouve encore une fois entre l’arbre et l’écorce à la suite des confidences d’une femme en fin de vie : elle soutient que son mari a été assassiné alors qu’officiellement il est décédé dans un accident.

Brunetti se rendra vite compte qu’il vient de tomber sur une histoire énorme qui sent la corruption et la magouille à plein nez. En fait, il n’a pas vraiment le choix d’affronter de gros intérêts et des personnages influents puisque c’est la survie même de Venise qui est en jeu. (Calmann-Lévy, fin octobre)

 

Western Star, Craig Johnson

 

Ce nouveau livre tournera autour de son personnage central, le shérif Walt Longmire. En fait, on y verra à l’œuvre deux Longmire : le jeune et le vieux. Celui qui revient à peine du Vietnam au début des années 1970 et qui vient d’être engagé comme policier dans le comté d’Absaroka, au Wyoming, et celui que l’on connaît depuis longtemps et qui en est ici à sa treizième enquête. Cette histoire complexe roulant sur plusieurs niveaux s’amorce alors que les shérifs de l’État sont réunis pour une compétition amicale et que Longmire cherche à empêcher un criminel dangereux — qu’il a fait mettre en tôle — d’être libéré pour « bonne conduite ». C’est dans ce cadre qu’il est amené — un peu rudement même — à se souvenir de ses débuts dans le métier et de son premier contact avec le Western Star, un train mythique qui fait penser au célèbre Orient-Express. (Gallmeister, début novembre)



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