La belle saison

Photo: Éditions Noir sur Blanc, photomontage «Le Devoir»

Née 20 ans après ses frères et sœurs, Elena ne vit que pour l’été, saison où Magda, sa sœur préférée, et sa cousine Anna, qui vivent en France, reviennent à Nove Mesto, en Tchécoslovaquie, comme on le disait à l’époque où Ludmila Charles campe son premier roman. Composé de phrases souvent lapidaires évoquant la plume de Duras, divisé en très courts chapitres, porté par une morosité envahissante, La belle saison trace délicatement le portrait d’une femme désœuvrée et captive d’un coin du monde où la tragédie de Tchernobyl, la Glasnost et la fin du socialisme ont peu d’impact. « Elle sentait qu’elle aurait dû se redresser, ouvrir les yeux, mais il y avait une infinie douceur à se laisser glisser dans le vide, à se diluer hors de soi. » Alors qu’elle fait défiler cette morne existence en une suite de scènes vivantes, l’autrice livre une émouvante réflexion sur l’évolution des liens familiaux au fil des années. « Comme si elle était devenue l’aînée, et Magda la cadette. Comme si elle était la mère, et Magda l’enfant. »

La belle saison

★★★ 1/2

Ludmila Charles, Éditions Noir sur blanc « Notabilia », Paris, 2021, 120 pages

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