
On est heureux de retrouver l’auteur du Nord qui nous propose cette fois un « poème conté ou un roman-poème ». Une histoire de mort au Nunavik, d’un homme blessé et accueilli, d’une résurrection. L’activité médicale de l’auteur est de nouveau mise à contribution afin de cerner les pulsions les plus profondes qui guident les humains à persister face à l’adversité. De nouveau, voici un acte de foi en cette possibilité de la bonté, toute simple. Cette œuvre « représente la plus vaste et la plus intense entreprise poétique de ma vie », dit l’auteur. (En librairie)
« L’horizon quelque part / se jette d’une falaise », dit Noémie Roy dans son premier livre. On a le goût de la découvrir, car l’image est frappante, ce qui n’est pas si commun. « Je souderai mes visages / en un corps vieilli »,dit-elle ailleurs. Parce qu’il y a douleur ici, parce qu’il y a envie de voir comment se déprendre d’une sourde blessure. On suivra la poète dans son désir de se saisir du corps neuf, d’apprendre à vivre autrement.
(9 mars)
Événement : nouvelle collection de poésie aux Éditions Hamac. Nous retenons le recueil d’Anne Peyrouse à cause de l’audace de sa proposition qui s’interroge sur la pornographie en direct, sur Internet. Elle s’intéresse à la fois à celles qui sont devant leur webcam et aux consommateurs. « EUX disent : “ça m’dépanne que tu sois en vie. / Ça m’dépanne, ta caméra bien placée.” / EUX / ils espèrent / les fellations 3D. » Radicale, cette proposition s’annonce dérangeante. (16 février)
Chemin cassé suivi de Chemin sans fin
Recueil particulièrement étrange, sous l’égide de Georges Perec, où l’auteur n’utilise pas la lettre « r », consonne « identitaire par excellence de l’accent acadien », selon la présentation. Étrange aussi ce qui s’annonce comme une oscillation « entre le cynisme nordique et le baroque latino ». Reste à voir ce que la poésie vient faire ici. Avec cet auteur, on n’en est pas à une surprise près. On a hâte de jouer le jeu et d’entendre cette dérive littéraire creuser, semble-t-il, la vérité de notre époque. (26 mai)
Dans la veine de son précédent recueil, Le bonheur cet illusionniste (2017), Julie Stanton mêle une vision socio-logique de notre monde et une captation des sentiments qui maintiennent en vie notre humanité. « À la désertification du Sahel / Tu opposais l’ondoiement du blé dans ton île », dit-elle bellement. La poésie de Julie Stanton tient la tendresse pour la meilleure part de nos pulsions. Parution en mai. Notez qu’en janvier sortira Les Écrits des Forges : 50 ans, 1971-2021, anthologie préparée par Bernard Pozier.