Quinze fictions québécoises à lire cet hiver

L’éternelle question de la mort continue d’habiter l’écrivaine Louise Dupré dans «Théo à jamais», qui marque son retour au roman.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir L’éternelle question de la mort continue d’habiter l’écrivaine Louise Dupré dans «Théo à jamais», qui marque son retour au roman.

Trois réveils (XYZ), de Catherine Perrin

C’est fou ce que l’on a le temps d’accomplir lorsque l’on n’a plus à animer une quotidienne radio.

Après avoir fait paraître en 2014 un récit retraçant la vie de sa mère (Une femme discrète), et tenu la barre de Médium large pendant huit ans, Catherine Perrin signe son premier roman, Trois réveils. Antoine, un hautboïste, y fait face à de graves problèmes de santé mentale.

Jusqu’à quel point ce qui rend un créateur malade est-il indissociable de son génie ? Des pistes de réponses le 26 février.

 
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir Catherine Perrin

Jenny Sauro (Leméac), de Marc Séguin

Parmi tous les écrivains québécois, Marc Séguin est sans doute celui que l’on imagine le plus aisément siroter un café tiède dans un diner de bord de route. Son quatrième roman trace le portrait kaléidoscopique de Jenny, la serveuse du seul restaurant de North Nation, qui disparaît après avoir arraché son fils à la noyade. Une réflexion sur les frontières géographiques, ainsi que sur celles du corps, dans laquelle s’engager dès le 18 mars.

Petites-Cendres, ou la capture (Boréal), de Marie-Claire Blais

 

Bien qu’elle achevait en janvier 2018 son monumental cycle Soifs, Marie-Claire Blais n’en a certainement pas fini avec les thèmes qui ont animé ces dix romans ni avec les figures de résilience qui les peuplaient.

Elle retrouve Petites-Cendres, son courageux personnage de jeune travesti, dans ce roman que l’on annonce plus intimiste que ses prédécesseurs, malgré l’ampleur du sujet auquel il se mesure, celui du racisme gangrenant la société étasunienne. Le 3 mars.

La morte (Le Quartanier), de Mathieu Arsenault

Si faire son deuil, c’est reléguer l’objet du deuil au passé, La morte (25 février) n’a rien d’un récit de deuil. Mathieu Arsenault s’y active plutôt à garder en vie son amie, Vickie Gendreau, emportée par le cancer en 2013.

On l’accompagne alors qu’il dépouille les archives de l’écrivaine et tente d’y dénicher les « dix livres en dix ans » que s’était promis de publier, par-delà son absence, celle qui souhaitait ne jamais cesser d’écrire.

Pas même le bruit d’un fleuve (Alto), d’Hélène Dorion

Hélène Dorion recevait en novembre dernier le prix Athanase-David pour sa contribution remarquable à la littérature québécoise, mais n’entend pas de sitôt cesser d’explorer les anfractuosités de l’âme humaine.

La poète célébrée propose ici un roman — son premier à l’enseigne des Éditions Alto — dans lequel une femme, Hanna, descend le fleuve jusqu’à Kamouraska tout en remontant le siècle, sur les traces de sa mère en allée. Le 3 mars.

Désormais, ma demeure (Triptyque), de Nicholas Dawson

 

Et si la prochaine décennie était, en littérature, celle de l’hybridité formelle ? Nicholas Dawson, qui entend bien travailler à cet objectif, entremêle poésie en prose, essai, récit de soi et photographie dans ce « texte libre et libéré » portant sur la dépression. Le 12 février.

Théo à jamais (Héliotrope),de Louise Dupré

Dans son puissant recueil La main hantée, Louise Dupré réfléchissait, à la lumière de l’euthanasie de son chat, à sa propre capacité à tuer.

L’éternelle question de la mort continue d’habiter l’écrivaine dans Théo à jamais (5 février), qui marque son retour au roman. Béatrice, qui travaille au montage d’un documentaire sur les massacres, devra tenter de trouver un sens à une violente tragédie intime.

Diane demande un recomptage (XYZ), de Marie-Renée Lavoie

 

Dans Autopsie d’une femme plate (2017), Jacques annonçait à Diane qu’il la quittait… à quelques jours de leur 25e anniversaire de mariage. Au choc succédait alors l’étonnement.

C’est qu’elle ne se doutait pas de la vie remplie qui l’attendait hors de son couple. Marie-Renée Lavoie la retrouve trois ans plus tard dans Diane demande un recomptage (29 janvier), au moment où elle apprivoise l’idée d’une nouvelle relation amoureuse.

Il préférait les brûler (Stanké), de Rose-Aimée Automne T. Morin

S’il fallait reprocher une chose à Ton absence m’appartient, le recueil de témoignages sur le deuil que lançait Rose-Aimée Automne T. Morin l’an dernier, c’est le trop petit nombre de pages qu’elle y consacrait à son défunt père, dont les descriptions laissaient pourtant deviner un fascinant personnage romanesque.

L’animatrice et chroniqueuse remédie à la situation le 19 février dans les pages de cette autofiction familiale.

 

Ténèbre (La Peuplade), de Paul Kawczak

La palme du « roman qui ressemble le moins à quelque chose qu’on a déjà lu » de cette rentrée 2020 revient à Ténèbre, de Paul Kawczak, dans lequel, en 1890, un géomètre belge est mandaté par son roi pour démanteler l’Afrique.

Avec lui à bord de son embarcation : des travailleurs bantous et Xi Xiao, « un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine ». On part à l’aventure le 23 janvier.

La géographie du bonheur (Québec Amérique), de Véronique Marcotte

 

Écrit lors d’une résidence de création à Port-au-Prince, ce septième roman de Véronique Marcotte évoque, entre vie et mort, deux graves questions d’actualité : celle du suicide assisté et celle de la reconstruction d’Haïti.

On y croise aussi une certaine écrivaine québécoise répondant au nom de… madame V. Le 25 février.

Perdre haleine (Éditionsdu Remue-ménage), d’Anne Archet

Parce qu’il s’agit du meilleur moyen de faire l’amour avec quelqu’un que l’on aime vraiment, Anne Archet chante les joies de l’onanisme dans Perdre haleine, une ode autoérotique composée d’une seule longue phrase de 26 000 mots. Parution le 11 février, juste à temps pour survivre seul à la Saint-Valentin.

Les Constellées (Marchandde feuilles), de Daniel Grenier

 

De la contrainte jaillit la lumière ? Pendant un an, Daniel Grenier n’a lu que des livres écrits par des femmes. Il émerge de cette expérience avec en main un imposant journal de bord de près de 600 pages traversé, dit-on, par « une puissante réflexion sur sa position d’homme blanc privilégié ».

Le paradoxe ici ? Quiconque souhaiterait emboîter le pas à l’auteur en 2020 devra remettre à plus tard la lecture de ce récit autobiographique intitulé Les Constellées. En mars.

L’usage de mes jours (Leméac), de Francine Noël

Vous avez un jour fréquenté un cégep ? Vous avez donc fort probablement lu Maryse (1983), inoubliable premier roman de Francine Noël, qui se fait trop rare.

Après avoir raconté la relation la liant à sa mère dans La femme de ma vie, ainsi que celle la liant à son petit-fils dans Le jardin de ton enfance, la grande écrivaine raconte son père dans L’usage de mes jours (5 février), son premier livre depuis 2008.

Les crépusculesde la Yellowstone (Boréal), de Louis Hamelin

 

En 1843, l’ornithologue et naturaliste John James Audubon répond pour la dernière fois à l’appel de l’Ouest et s’engage dans ce qui deviendra son ultime expédition (dont il témoigne dans son Journal du Missouri).

Étienne Provost, le courageux coureur des bois canadien-français, sera son guide. Quelque 175 ans plus tard, c’est en solo que Louis Hamelin refait le même voyage — en voiture dans ce cas-ci — au cœur d’une Amérique où la vie sauvage a désormais été écrasée par les stationnements. On prend la route le 7 avril.

10 autres titres à surveiller cet hiver et ce printemps

Un beau désastre, de Christine Eddie
(Alto, 18 février)

Fabliau des temps nouveaux, d’Antonine Maillet
(Leméac, 26 février)

Rosemonteries, de Sébastien Ste-Croix Dubé
(Triptyque, 26 février)

Chasse à l’homme, de Sophie Létourneau
(La Peuplade, 5 mars)

L’oeil de Jupiter, de Tristan Malavoy
(Boréal, 17 mars)

Chez les sublimés, de Jean-Philippe Martel
(Le Cheval d’août, 24 mars)

Zone 51, de Christiane Lahaie
(Lévesque éditeur, 7 avril)

Infestation, de Charles Dionne
(Le Quartanier, 14 avril)

La mariée de corail, de Roxanne Bouchard
(Libre Expression, 6 mai)

Pitié pour les salauds !, de Pauline Harvey
(Les Herbes rouges, 12 mai)

 



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