Rentrée jeunesse: faire partie d’un tout

Depuis sa forêt de Pontiac en Outaouais, où il marche au rythme des vacances, le sérigraphe Todd Stewart raconte au téléphone l’importance des arbres dans sa vie, la redécouverte de ces géants qui l’ont inspiré pour créer Quand le vent souffle, un tout premier livre jeunesse entièrement écrit et illustré par l’artiste, qui paraîtra en octobre chez Comme des géants.
« Tout comme nous, les arbres respirent, échangent, participent d’un tout », dit celui qui se reconnaît dans cet esprit de clan, dans cette importance de faire partie, chacun à notre façon, d’un ensemble plus grand que nous.
« Ça fait plus de 25 ans que je viens dans la forêt derrière le chalet familial. Mais depuis quelque temps, j’y prends des petites semaines de relâche. C’est donc en marchant ici que m’est venue l’idée de cette histoire de temps qui passe dans laquelle deux arbres entretiennent une conversation.
Au même moment, je lisais des ouvrages sur le pouvoir des forêts et je suis tombé amoureux avec l’idée de cette communauté de végétaux, des entités qui échangeaient des messages », confie-t-il.
Afin d’humaniser l’ensemble du propos de l’album, Stewart a fait le choix de mettre en relation un jeune qui a tout à apprendre et un aïeul à la fin de sa route. «
Les arbres sont des êtres incroyables, magiques, très doux et fragiles. Ils sont en fait comme nous. Tout le monde est différent, a sa vie, son parcours et chacun apprend de l’autre », explique l’auteur.
Ces deux arbres que l’on voit ainsi ballottés par le vent, habités par les oiseaux et les écureuils, perdent leur feuille à l’automne et revivent au printemps, participent de la vie de la forêt, de ce grand écosystème qui nous rassemble.
L’illustration tout naturellement
Formé en architecture du paysage et en urbanisme, Todd Stewart entretient une relation étroite avec l’image qui est, pour lui, plus puissante que les mots. « C’est peut-être une raison pour laquelle j’aime la littérature jeunesse, la bédé, les fanzines. Même quand on prend le journal, l’image approfondit le texte. Je pense que j’ai toujours dessiné et toujours su que je m’exprimerais plus avec l’image que l’écrit. Encore aujourd’hui, ça me vient naturellement. L’expérience vécue avec Quand le vent souffle, m’a toutefois permis de découvrir que j’aime aussi utiliser les mots et que je veux le faire plus souvent. J’aime ce mariage entre les deux modes d’expression. »
L’oeuvre de l’artiste se démarque par une propension à mettre en scène des paysages — urbains ou ruraux — façonnés par le temps ou modifiés par l’homme. En de rares occasions — on le verra notamment dans Pipo écrit par Amélie Dumoulin en octobre chez Québec Amérique —, il lui arrive d’insérer des personnages dans ses décors et, inconsciemment, cette façon de faire rejoint sa nature profonde.
« Je pense que je m’identifie davantage à des êtres différents des hommes. J’aime les gens, mais je suis plus à l’aise en créant des décors ouverts, sans la complexité de l’humain. Au fond, je suis mes émotions et mon instinct sans tout à fait comprendre ou analyser ce que je fais », confie-t-il. Ce qui donne des résultats authentiques et tout en harmonie avec le monde qui nous entoure.