Les prêts numériques dans la mire de l’opposition

L’opposition officielle à l’Hôtel de Ville de Montréal veut faciliter l’accès aux livres électroniques offerts dans les bibliothèques municipales. Elle demande notamment l’adoption de plateformes ne fixant pas de limites sur la durée d’emprunt ou le nombre de lecteurs simultanés d’un titre numérique.
« La plateforme qu’utilise actuellement la Ville de Montréal, pretnumerique.ca, impose de nombreuses contraintes », explique Josué Corvil, conseiller de ville sous la bannière d’Ensemble Montréal. « Si une bibliothèque achète un exemplaire du Matou, par exemple, il doit être racheté après 55 prêts. De plus, plusieurs usagers ne peuvent pas le lire en même temps. »
La durée d’un prêt est par ailleurs limitée à 21 jours (28 jours en période estivale), après quoi le fichier s’efface automatiquement. Ainsi, certains avantages qu’on pourrait croire inhérents au livrel ne se concrétisent pas.
« Il existe d’autres plateformes qui n’ont pas ces limites », précise M. Corvil en citant OverDrive et Cyberlibris.
Cette dernière offre le service ScholarVox destiné au monde de l’enseignement supérieur, auquel plusieurs cégeps québécois souscrivent. La lecture n’y est cependant possible qu’en ligne.
Dans une motion qui sera présentée à la séance du conseil municipal du 19 août, les élus d’Ensemble Montréal demanderont « que la Ville de Montréal s’engage à lancer les démarches pour améliorer la plateforme de prêts numériques de l’ensemble du réseau des bibliothèques municipales, afin de permettre aux usagers d’avoir accès à un contenu numérique, en ligne, sans limitation de prêts (nombre et durée), sans liste d’attente, sans gestion des droits numériques et sans contraintes techniques ».
Formule éprouvée
M. Corvil, qui est lui-même un ancien gestionnaire de bibliothèque, pense qu’un système incorporant différentes plateformes, dont pretnumerique.ca, serait la meilleure solution. Si un livre était indisponible sur l’une des plateformes, les usagers disposeraient ainsi d’options de rechange. L’élu ne pense pas que ce système multiple serait nécessairement plus cher.
« La formule que l’on préconise existe ailleurs au Canada », précise M. Corvil.
En 2018, les bibliothèques de Montréal ont dépensé 662 000 $ pour le prêt de livres numériques et 5 453 000 $ pour les livres imprimés.
La plateforme pretnumerique.ca est développée au Québec par le distributeur De Marque et chapeautée par l’organisme à but non lucratif BiblioPresto. Elle est largement utilisée dans les bibliothèques publiques de la province. Elle cumule à ce jour 8 500 000 prêts.
Fait à noter : le livre électronique n’est pas assujetti à la Loi sur le développement des entreprises québécoises dans le domaine du livre, adoptée en 1981, qui stipule que les bibliothèques doivent acheter leurs livres imprimés chez des libraires agréés.
Le bureau de la mairesse, Valérie Plante, a indiqué ne pas vouloir commenter la motion avant qu’elle soit débattue au conseil municipal.