«Les héros de la canicule»: déjouer la chaleur

En plein coeur d’un mois de juillet caniculaire, Étienne et ses trois amis, Zakaria, Alexander et Rafael, imaginent différents plans pour se sortir de la moiteur écrasante. Sauter dans la piscine du parc Laurier reste sans doute la meilleure des idées, mais — manque de pot — elle ferme en raison d’un tout petit orage rapide et chaud qui ne rafraîchit pas du tout.
Vient alors l’intrépide et laborieuse idée de marcher à l’ombre sans jamais se faire toucher par un rayon de soleil brûlant. Puis, les plans s’enchaînent rapidement : ramasser des sous pour s’acheter une crème glacée, faire une attaque-surprise au fusil à eau, et pourquoi pas se départir tout simplement de ses vêtements ?

Avec Les héros de la canicule, tout juste paru à La courte échelle, André Marois replonge dans cette écriture du quotidien, à hauteur de gamin, dans laquelle il explore avec exactitude l’émotion, la spontanéité de cette bande de quartier montréalais.
À travers ce périple suant entrepris par le quatuor, l’auteur du célèbre Voleur de sandwich parcourt ainsi les rues du Plateau Mont-Royal, s’arrête au bar laitier Le Patio, évoque une épicerie de la rue Boyer, installe un cadre identifiable pour les locaux et invitant pour les étrangers. Le rythme cadencé du récit épouse par ailleurs l’irrépressible besoin de fraîcheur, l’urgence de trouver une solution à l’accablement.
S’ajoute à cette vraisemblance la mise en scène de personnages attachants et imparfaits. La mère espiègle d’Étienne, le frère ado joueur de guitare, la mamie Yvonne bien à l’abri dans sa maison de retraire climatisée, la rondelette et taquine mère de Rafael, chacun se démarque par des détails éloquents.
Le texte s’accompagne des illustrations de Cyril Doisneau qui, d’un trait épuré, parvient à évoquer avec finesse l’essence de la traversée. Le bleu azur croise le vert lime dans une ronde pastel des plus estivale et offre, au bout du compte, un roman rafraîchissant.