«Retour à la case départ»: poser ses bagages

Vous cherchez le roman idéal pour passer en douceur de l’été à l’automne ? Un livre qui soit à la fois divertissant et bien écrit, drôle et émouvant, léger et néanmoins mordant… Ne cherchez plus, le Stephen McCauley nouveau vient de paraître en français chez Robert Laffont dans une traduction presque sans faux pas de Séverine Weiss.
Septième roman de l’écrivain américain, Retour à la case départ a tout ce qu’il faut pour combler les aficionados (ceux qui le suivent depuis L’objet de mon affection en 1989) et même faire de nouveaux adeptes.

Depuis L’(autre) homme de ma vie, son précédent roman, huit ans ont passé, presque deux fois plus de temps que ce que l’écrivain a l’habitude de prendre pour terminer un livre. C’est vous dire dans quel état de manque se trouvaient ses admirateurs.
Plonger dans le dernier roman de McCauley, dont le titre original est My Ex-Life, c’est retrouver un mélange de tendresse et de satire, une juxtaposition d’espoir fou et de névrose profonde qui évoque les grands crus de Woody Allen, les protagonistes les plus éloquents d’Oscar Wilde.
Retrouvailles
Alors que le récit est indéniablement contemporain, il y a dans le ton et la manière, la description des sentiments et celle des paysages, quelque chose d’ancien, dans le meilleur sens du terme.
Il s’agit en fait de retrouvailles, celles de vieux amis qui ne se sont pas vus depuis 30 ans, un homme et une femme qui traversent ce qu’il y a lieu d’appeler « une mauvaise passe ».
Célibataire depuis peu, après une relation de cinq ans, David, homosexuel dans la cinquantaine, quitte San Francisco pour rejoindre Julie, son ex-femme, en pleine procédure de divorce avec son deuxième mari, dans la grande maison qu’elle habite (et où elle loue quelques chambres grâce à Airbnb) à Beauport, au nord de Boston.
Si David, « conseiller d’orientation pour les universités, indépendant et polyvalent », accepte de traverser le pays, c’est officiellement pour planifier l’avenir universitaire de Mandy, la fille de Julie.
Personnages hauts en couleur
Autour des deux héros gravite une foule de personnages hauts en couleur, des individus qui, à coups de remarques plus souvent acerbes que bienveillantes, vont consciemment ou non guider David et Julie vers une certaine félicité.
Ensemble, ils atteindront ce « lieu charmant, imparfait et inattendu qu’on choisit d’appeler sa maison ». Les 48 courts chapitres du roman sont comme autant de scènes d’une bonne comédie dramatique — rappelons que trois livres de McCauley ont déjà été adaptés au grand écran.
Ils composent un hymne à l’amitié tout à fait irrésistible, un retour au bercail des plus poignants, un apprivoisement du vertige de vieillir qui s’avère diablement inspirant.