Les flâneurs


Ralph Elawani

Patriote ou terroriste

Dans un revirement traductologique, le « gang Baader-Meinhof » est devenu « La bande à Baader ». Mais voilà : Andreas Baader était un petit con plus agité que politisé en comparaison à Ulrike Meinhof, journaliste connue à travers l’Allemagne pour ses articles dans Konkret. Préfacé par Elfriede Jelinek, introduit par Karin Bauer et postfacé par Bettina Röhl, fille de Meinhof, Tout le monde parle de la pluie et du beau temps. Pas nous (Remue-ménage) contient 23 chroniques de cette icône polarisante dont le zèle révolutionnaire bouffa l’engagement. À lire avec le roman d’Alban Lefranc Si les bouches se ferment et le film collectif L’Allemagne en automne.

 


Louise-Maude Rioux Soucy

La fin du monde est pour demain

Quelle satire brillante que cette Année après année (V.F. de Years and Years), dystopie quasi immédiate qui nous plonge dans ce que le présent porte de pire en lui. La minisérie d’anticipation raconte la transformation de la Grande-Bretagne en prenant pour assise une famille progressiste, les Lyon, soumise à des dérives technologiques, économiques et politiques, lesquelles sont exacerbées par la montée d’un populisme féroce incarné par une Emma Thompson sur l’acide. Ce croisement assumé entre l’esprit décalé de Six Feet Under et la rudesse visionnaire d’un Black Mirror est anxiogène, mais irrésistible. À dévorer à HBO et à Super écran.

 


Amélie Gaudreau

Folle jeunesse
Les séries s’intéressant aux ados sont souvent trop formatées pour être vraies. Ce n’est pas le cas de My Mad Fat Diary, une émouvante et souvent grinçante comédie dramatique britannique produite entre 2013 et 2016, désormais à savourer en rafale sur la plateforme (gratuite !) CBC Gem. La série plantée dans les années 1990 raconte les hauts et les très bas de Rae, une ado de 16 ans drôle, allumée et plus que grassouillette, qui émerge d’un séjour de quatre mois en psychiatrie après avoir attenté à sa vie. Elle aspire à mener une vie normale, à se fondre dans la masse et à être aimée. Et elle n’y arrive pas complètement, pour son plus grand bonheur, et le nôtre.


Valérie Duhaime

Une bête à aimer
Quel bon coup de la maison d’édition Stanke que d’avoir édité en un seul bouquin la trilogie de la bête, de David Goudreault, intitulée La Bête Intégrale ! Nos expériences montrent qu’il est scientifiquement impossible de poser tout simplement le premier tome sans être aussitôt dévoré par l’envie de lire le deuxième, puis le suivant. 700 pages des réflexions du narrateur, un narcissique psychopathe écorché sans filet de sécurité autre que sa connaissance (parfois approximative) de citations de personnages historiques, c’est le strict minimum.

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