«Cette maison»: la petite porte noire

On pénètre dans les jardins de Slade House, sis derrière une mystérieuse petite porte noire donnant sur une sombre ruelle, en compagnie d’un jeune garçon et de sa maman.
Photo: Alto On pénètre dans les jardins de Slade House, sis derrière une mystérieuse petite porte noire donnant sur une sombre ruelle, en compagnie d’un jeune garçon et de sa maman.

Vous aimez les films d’horreur ? Particulièrement les films de maison hantée ? Eh bien, voilà un roman parfait pour vous ! Ou peut-être pas, à bien y penser…

Certes, plus on connaît le genre, plus on se délecte de cette modeste offrande de moins de 300 pages, où David Mitchell, qui nous a habitués à des récits plus ambitieux s’étendant sur quelque 600 pages (Cartographie des nuages, L’âme des horloges), pastiche avec bonheur et légèreté les romans gothiques. Cela dit, si vous espérez ressentir quelques frissons de terreur, rangez ce livre afin d’éviter toute déception.

En fait, pour réellement savourer Cette maison, il faut d’abord le prendre comme un entremets et non comme une pièce de résistance. D’ailleurs, la fin laisse entendre qu’il pourrait bien y avoir une suite. Élégant exercice de style, Cette maison se divise en cinq actes se déroulant à neuf ans d’écart, de 1976 à 2015.

La mécanique étant plutôt bien huilée, on s’empresse de passer d’un chapitre à l’autre afin de découvrir le cruel sort que réservent les jumeaux Norah et Jonah Grayer à leurs invités.

On pénètre dans les jardins de Slade House, sis derrière une mystérieuse petite porte noire donnant sur une sombre ruelle, en compagnie d’un jeune garçon et de sa maman. Suivront un inspecteur macho, une ado bourrée de complexes, une journaliste futée et une redoutable psychiatre (membre des Horlogers, tiens, tiens…).

Chaque fois qu’un nouveau personnage entre en scène, David Mitchell s’amuse à en tracer un portrait pas toujours flatteur. De telle sorte qu’on anticipe, non sans plaisir, sa disparition.

À défaut d’horreur pure, l’humour ne manque pas dans Cette maison. Tandis qu’il recycle habilement les thèmes propres au genre — immortalité, vampirisme, possession —, l’auteur écorche avec un humour tantôt décalé, tantôt noir, la nature humaine dans toute sa vanité.

Cette maison

★★★

David Mitchell, traduit de l’anglais par Manuel Berri, Alto, Montréal, 2019, 270 pages

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