«Une histoire de la guerre, du XIXe siècle à nos jours»: une évolution de la guerre

Conflits de la Révolution et de l’Empire, guerres mondiales, coloniales ou civiles, génocides et attentats terroristes : « La guerre n’a pas simplement changé d’échelle, mais de nature », écrit Bruno Cabanes, maître d’œuvre de ce monumental panorama du phénomène guerrier et de son évolution au cours des deux derniers siècles.

Il s’agit d’une « histoire de la guerre, et non pas l’histoire de la guerre », souligne Cabanes avec pertinence. De fait, une entreprise de cette ampleur implique des choix conceptuels. Notons que les avenues retenues dépassent le récit chronologique ou l’étude des relations internationales. En outre, les manières de mener la guerre, d’en vivre l’expérience, d’en sortir et de la représenter se trouvent au cœur des contributions des 57 spécialistes réunis.
Cette diversité de points de vue illustre les récentes mutations idéologiques, légales, humanitaires, éthiques et technologiques des luttes armées en Occident. Ainsi, l’historien québécois Carl Bouchard se penche sur les refus de la guerre, alors que Manon Pignot rappelle que l’UNICEF estime entre 250 000 et 300 000 le nombre d’enfants soldats dans le monde.
Pour sa part, Johann Chapoutot s’intéresse au héros guerrier, depuis le jeune Joseph Bara, tombé en 1793, à 14 ans, contre les troupes royalistes jusqu’aux jeux vidéo. D’autres contributions abordent notamment les mercenaires et la guérilla, Goya et Hiroshima, les réfugiés et les déplacés, les drones et l’AK-47, l’arme la plus vendue sur le globe.
Cette synthèse ouverte, inclusive et prospective conjugue l’histoire des combattants et celle des non-combattants, l’histoire du corps et celles des savoirs médicaux, de l’art, des émotions et de la violence. Elle démontre que la guerre constitue un acte social et culturel en constante évolution. Un acte qui, de toute évidence, éprouve encore les paysages, les personnes et les sociétés.