«Moi, c’est Tantale»: sur la route du métal

Réveillé par des bruits de pic et de masse, Tantale rencontre d’abord Norbert, un enfant congolais qui est employé pour extraire de la roche le métal si précieux. Ce court échange prend fin lorsque Tantale est envoyé en Asie, où Wang l’attend sur une chaîne de montage. Viendront ensuite les beaux jours, ceux pendant lesquels il croise la route de Thomas, émerveillé par le téléphone cellulaire qu’il tient entre ses mains.

Avec Moi, c’est Tantale, André Marois explore le chemin parcouru par le métal depuis l’extraction jusqu’à la chute qui envoie les objets électroniques valser sur une montagne de déchets inutiles et non recyclables. Se tenant loin de l’approche didactique, l’auteur du Voleur de sandwichs emprunte plutôt un chemin de traverse rempli d’humanité pour nous faire découvrir les vies derrière cette petite chose que nous regardons tous avec intérêt.
Située à hauteur de l’objet, la narration tenue par le métal donne à voir la réalité de l’intérieur. La forme du roman graphique, divisé en quatre chapitres, permet par ailleurs de s’arrêter à chacune des étapes de transformation et de prendre conscience, à travers Thomas notamment, de l’étendue du problème.
La surconsommation, le travail des enfants, le gaspillage, la menace écologique se mêlent à la mythologie grecque là où le chimiste, Anders Gustaf Ekeberg, a, au début du XIXe siècle, puisé l’inspiration pour donner ce nom au métal. À ce texte riche en pistes diverses, Julien Castanié joint des illustrations poignantes. Jouant de noir, de rouge et de blanc, l’illustrateur varie l’atmosphère selon le contexte. La dureté des moments passés dans la mine laisse ainsi place à une abondance de rouge et de noir, alors que la légèreté vécue par Thomas s’exprime à travers un sapin de Noël rouge et un fond blanc empreint de douceur. Le naturel et la simplicité avec lequel le duo raconte cette traversée préparent la voie à une réflexion nécessaire.