«Médecin de rue»: les grands écorchés de la vie

Lire Médecin de rue, l’essai que le Dr Jean Robert, ce pionnier de la médecine communautaire au Québec, vient de publier aux Éditions XYZ, contribuera sans aucun doute à faire tomber les préjugés que nous sommes nombreux à avoir envers ceux qui vivent dans la rue.
En donnant la parole à plusieurs d’entre eux qui ont accepté de raconter leur histoire et ainsi de dévoiler les sources de leur souffrance, le Dr Robert nous fait comprendre combien nos préjugés sont malvenus, voire injustifiés, et notre approche à leur égard inappropriée, voire insolente.

Dans ces témoignages à visage découvert, on apprend que la plupart des toxicomanes, prostituées et ex-détenus qui trouvent refuge dans la rue ont été maltraités, abusés, agressés sexuellement, voire abandonnés dès leur plus jeune âge. Un jour, l’essai d’une substance leur a procuré « un grand apaisement », « un soulagement immédiat et merveilleux » de leurs souffrances. Mais cette substance les a aussi fait basculer dans la toxicomanie, qui s’accompagne de son lot de périls : prostitution et vol pour se payer sa dose, puis hépatite, VIH/sida, etc.
Au contact de ses patients qui sont rejetés par le système de santé, le Dr Robert a retenu deux règles d’or pour les apprivoiser et les aider : « les écouter sans juger et les accompagner dans leur décision ».
Le Dr Robert dénonce haut et fort la disparition des cliniques communautaires — comme la sienne qui ne reçoit aucune aide de l’État —, englouties par la hiérarchisation et la bureaucratisation du système de santé, qui a désormais perdu « le contact direct avec le terrain ».
Pour secourir les laissés-pour-compte qui ont été les premières victimes de la rigueur budgétaire, il faut soutenir les organismes communautaires, les travailleurs de rue et les centres de thérapie, qui connaissent mieux que quiconque leurs besoins, écrit-il.