
«À l’ombre du pouvoir»: guerre d’image et de tranchée

Le journalisme mène à tout, on le sait ; et le journalisme d’enquête complète souvent le travail des policiers, l’actualité nous en fournit constamment des exemples. C’est précisément ce qui se passe ici alors que Sully Carter, un journaliste du Washington Post, profite de la mort d’un Afro-Américain de bonne famille pour se pencher sur une série de meurtres commis dans le même quartier mal famé de la capitale américaine.

Très vite, Carter subira des pressions de l’avocat de la famille de la victime, qui l’incite à laisser tomber l’affaire ; on veut bien admettre que le fils Ellison avait des problèmes de drogue, mais ce n’est pas une raison pour salir la réputation des Afro-Américains les plus influents de Washington. Sauf que Carter découvre que ce n’est pas vraiment le cas : la victime n’avait rien d’un drogué. Mais il était gai… ce que sa mère nie avec énergie. Et cette guerre d’image menée par la famille se met alors à ressembler à une véritable guerre de tranchées.
Les patrons du journaliste le soutiennent dans son enquête jusqu’à ce que la mère de Billy Ellison le convoque sur les lieux du crime pour commettre l’irréparable. Ce sera la goutte qui fera déborder le vase : Carter est suspendu sans salaire. Coincé entre les hommes de main de la famille Ellison, ses patrons et les truands du quartier, il continue néanmoins à mener son enquête jusqu’à faire éclater la vérité au plein jour.
Voilà une histoire fort bien menée par un vrai journaliste du Washington Post, qui connaît bien les rouages du métier. Écriture élégante traduite avec tout ce qu’il faut de rythme et d’allant, intrigue serrée et personnages solides et attachants, cette histoire a tout pour agrémenter une journée de vacances tout en éclairant un pan fort peu connu de l’esclavage aux États-Unis.