Manger ses mots

Le salon est au livre ce que le buffet est à la nourriture. Ainsi, au prochain Salon international du livre de Québec, on trouvera autant du Pierre Morency et du Jean-Jacques Pelletier que le deuxième volume de Botanique et horticulture de Rock Giguère. L'expression «pour tous les goûts» prend ici tout son sens.
Pour le président du Salon, Philippe Sauvageau, de la petite à la grande littérature, ce qui compte, c'est la lecture: «Un buffet? C'est tout à fait ça, avec une belle table et un menu très diversifié», nous disait-il un peu plus tôt cette semaine. Quelque 600 auteurs et autant de maisons d'édition prennent part à l'événement qui se tiendra de mercredi à samedi prochain au Centre des congrès de Québec. Après avoir connu des difficultés à la fin des années 1990, le Salon a repris du poil de la bête, notamment en faisant passer l'entrée de six à deux dollars, il y a deux ans. Ainsi, on recensait l'an dernier 47 000 visiteurs, dont le cinquième étaient des écoliers.Des noms, des noms!
Côté romans et poésie, parmi les auteurs présents cette année, on pourra notamment rencontrer Chrystine Brouillet, Sylvie Desrosiers, Stéphane Dompierre, Hélène Dorion, Hans-Jürgen Greif, Sergio Kokis, Antonine Maillet... De l'étranger, on attend la venue de la Belge Régine Vandamme, des Américains Michael Hoeye et Patricia MacDonald, ou encore des Français Philippe Besson et Marc Lévy. On accueillera par ailleurs plusieurs personnalités de la scène culturelle et politique parmi les auteurs d'essais, de biographies et d'ouvrages plus spécialisés tels Roméo Dallaire, Jean Désy, Andrée Ferreti, Louise Forestier, Yves Laframboise, Laurent Laplante ainsi que les Françaises Fadela Amara et Hortense Dufour.
Philippe Sauvageau note par ailleurs que le domaine de la «non-fiction» gagne en popularité. «On remarque depuis une dizaine d'années que le lectorat évolue. Avant, les gens lisaient seulement du policier ou des romans d'amour et d'aventure. Maintenant, ils puisent aussi beaucoup dans les volumes documentaires. Qu'il s'agisse d'ouvrages sur la politique ou la sexualité, les ventes de ce type d'ouvrages augmentent», souligne l'ancien directeur de la Bibliothèque nationale.
À ce titre, de plus en plus de débats sur des questions sociales côtoient les classiques rencontres d'auteurs durant le Salon. Ces tables rondes se pencheront sur des sujets comme les problèmes des adolescents, les angoisses de la retraite, la détresse masculine, les autochtones ou encore le terrorisme. On a également organisé une discussion sur le thème de la diversité culturelle, le vendredi soir, à laquelle participeront entre autres la ministre de la Culture, Line Beauchamp, et son homologue du Burkina Faso, Mahamoudou Ouedraogo.
Burkina Faso, Mexique et Haïti
La présence du ministre burkinabé n'est pas un hasard puisque le Salon donne une certaine place à la littérature de son pays, qui doit accueillir le prochain Sommet de la francophonie. On a donc invité le représentant d'une maison d'édition de livres scolaires ainsi que l'auteure et juriste Monique Ilboudo, qui s'intéresse particulièrement à la situation des femmes au Burkina Faso.
L'équipe du Salon du livre a également voulu consolider les liens entre le Québec et le Mexique établis l'an dernier lors de la Foire de Guadalajara en invitant trois éditeurs mexicains et Sylvia Pratt, la traductrice en espagnol des livres de Claude Beausoleil, de Louis Jolicoeur et de Robert Lalonde.
En outre, c'est à l'auteur d'origine haïtienne Dany Laferrière qu'on a confié la présidence d'honneur de l'événement, un heureux hasard puisque la littérature de son pays bénéficiera d'une attention particulière lors du Salon. Ainsi, on comptera sur la présence de la poétesse Kettly Pierre Mars, qui a entrepris la rédaction d'une anthologie de la littérature féminine haïtienne, du poète Claude Pierre et de l'auteure Évelyne Trouillot, à qui on doit cette phrase: «Écrire en Haïti aujourd'hui est plus que jamais dire non à la laideur, à la médiocrité et à la paresse, pour un peu plus de bonheur au bout du chemin.»
Au départ, la présence d'Haïti au Salon visait à souligner le 200e anniversaire de l'indépendance de ce pays. Elle prend maintenant un nouveau sens. À la lumière de la crise politique et sociale qui ravage l'île, on a lancé une opération visant à fournir des livres aux jeunes Haïtiens. Les visiteurs du Salon sont invités à faire un don de livres qui leur sont chers. Tous les genres sont acceptés, mais on encourage les gens à donner des albums ou des bandes dessinées. Les livres amassés seront distribués dans le réseau scolaire, les bibliothèques et les centres culturels d'Haïti.
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À compter du mercredi 14 jusqu'au samedi 18 avril Au Centre des congrès de Québec 1000, boulevard René-Lévesque Est