Le directeur n’aime pas les cadavres, Rafael Menjívar Ochoa

Rafael Menjívar Ochoa a publié, de son vivant, une vingtaine de romans, dont plusieurs condamnent la corruption qui gangrène les corps politique et policier. Le directeur n’aime pas les cadavres s’inscrit, à titre posthume, dans sa « trilogie mexicaine » composée de… cinq romans. On y retrouve le Vieux, dont les jours semblent comptés. À la tête d’un des principaux journaux au pays, il va organiser sa succession avec son fils, parti depuis neuf ans, qu’il fait revenir de l’étranger. Le novice va bousculer les gardiens de l’ordre établi — politiciens, policiers et religieux — avant de rentrer dans le rang. Parce que « ce qui est en jeu, ce sont des choses plus grandes et plus importantes que nous », va-t-on lui expliquer. Avec une économie de moyens et une narration habilement déconstruite, Ochoa fait tomber les masques du pouvoir. Le cynisme a la gâchette facile cependant, et on regrette la simplicité avec laquelle les conflits se dénouent. Un certain plaisir est au rendez-vous, mais il manque la chaleur de l’humanité, trop souvent ensevelie sous les cadavres.