Voyage au bout de ses rêves

Petit moment en apesanteur avec un grand homme. On le connaissait astronaute, chanteur et musicien, fan de David Bowie. Revenu les pieds sur Terre depuis plus de trois ans et la fin de sa mission dans la Station spatiale internationale, Chris Hadfield, jeune retraité de l’Agence spatiale canadienne, a décidé de se faire auteur jeunesse avec Plus noir que la nuit (Scholastic). Dans cet album illustré par les frères Fan et traduit par Christiane Duchesne, Hadfield raconte l’origine de sa passion pour l’espace et évoque l’importance d’entretenir ses rêves pour les faire passer du côté de la réalité.
Le goût de l’espace et de ses mystères a toujours fait partie de l’astronaute. Né en 1959, il dévore les bandes dessinées de science-fiction, écoute Star Trek, 2001 : l’odyssée de l’espace,dans lesquels il voit une permission d’imaginer. « Au même moment, il y a eu les explorations spatiales, Neil Amstrong qui a marché sur la Lune, que j’ai vu en direct à la télévision, dit l’astronaute, rencontré par Le Devoir à Montréal lors de son passage au Salon du livre. De voir ça, de témoigner de cette réalité que certains auteurs avaient imaginée, c’était comme une invitation pour moi. À ce moment-là, il y a eu un chemin qui s’est ouvert entre la réalité et mon rêve. La science-fiction, les images au cinéma, c’était important, mais la réalité qui existait dorénavant entre eux, c’est ce qui m’a lancé. »
Plus noir que la nuit est un album autobiographique dans lequel on découvre l’enfance de Chris Hadfield, sa peur incontrôlable de la nuit, de la noirceur qui « attire les pires extraterrestres qui soient » et qui l’empêche de fermer l’oeil. Puis, il raconte comment il s’est débarrassé de ses craintes grâce à ce moment unique vécu devant la télévision du voisin, la seule de toute Stag Island, dans le sud de l’Ontario. « Pour moi, c’était nécessaire d’unir l’imagination et la réalité. Moi qui avais la frousse, j’ai trouvé une façon d’aller au-delà de ça pour vivre mon rêve. »
Et c’est justement ce qu’il veut transmettre aux lecteurs par cet album. « Pendant 20 ans j’ai rencontré beaucoup d’enfants dans les écoles. En écrivant le livre, je me suis dit que je devais leur montrer que la peur est quelque chose de tout naturel, mais surtout qu’il est important de la gérer. Parce qu’avoir peur, ce n’est pas la fin de tout, au contraire, c’est le commencement de quelque chose de fort. »
Pour l’astronaute, l’année 1969 reste ainsi gravée comme les prémisses de ce qui allait lui permettre d’accéder aux étoiles. Pendant 20 ans il a travaillé sept jours sur sept pour mener à bien cette mission. D’ailleurs, il souligne avec force que poursuivre l’exploration dans son sens large, foncer, reste essentiel à la vie humaine, voire inné. « J’ai une petite fille qui vient de commencer à marcher. La nécessité d’explorer soi-même, de goûter, de tester, de découvrir, c’est fondamental pour notre santé, notre compréhension du monde. Nous avons exploré la terre, sa surface, ses profondeurs, mais depuis un peu plus de 50 ans, il est possible de voyager verticalement. »
Si Gagarine, Armstrong et Garneau ont assuré les premiers pas de l’exploration, si la possibilité de vivre dans l’espace existe maintenant grâce à la Station spatiale, le prochain stade sera celui d’installer un petit village sur la Lune.
« Dans 15-20 ans peut-être. J’ai 57 ans, j’aurai 77 ans. Pourquoi pas ? Il faut compter seulement trois jours pour se rendre sur la Lune. J’espère pouvoir y aller, qu’on pourra y aller. Pas pour visiter comme des touristes, mais bien pour l’explorer. C’est essentiel pour la santé de notre civilisation. »
Albums illustrés: des incontournables de 2016
Pour les petits:
Tempête sur la savane, Michaël Escoffier, D’eux, 24 pagesAu-delà de la forêt, Nadine Robert, Comme des géants, 64 pages
752 lapins, François Blais, 400 coups, 32 pages
Aaah!Bécédaire, Élaine Turgeon, Druide, 56 pages
Le hareng rouge, Gonzalo Moure, 400 coups, 26 pages
Pour les grands:
Louis parmi les spectres, Fanny Britt et Isabelle Arsenault, La Pastèque, 160 pagesSi j’étais ministre de la Culture, Carole Fréchette, D’eux, 24 pages
La belle histoire d’une vieille chose, Louis Émond, La Bagnole, 38 pages
Le tragique destin de Pépito, Pierre Lapointe, Comme des géants, 92 pages
Une berçeuse en chiffon. La vie tissée de Louise Bourgeois, Amy Novesky, La Pastèque, 42 pages Marie Fradette