Les cosmonautes ne font que passer, Elitza Gueorguieva

Le premier roman d’Elitza Gueorguieva nous plonge dans une Bulgarie soviétique, sous le charme d’une narratrice enfant qui souhaite imiter Iouri Gagarine et devenir cosmonaute. Elle caresse ce rêve pendant quelques années, entraînant avec elle sa complice Constantza et son chien, Joki, même si on lui rappelle sans arrêt qu’elle n’y parviendra jamais, parce qu’elle est Bulgare, mais surtout parce qu’elle n’est pas un garçon. Parfois naïve, toujours acharnée, elle persiste. Mais la grande histoire rattrape la petite, le bloc soviétique tombe et, avec lui, son rêve. Dans ce premier opus très réussi, Gueorguieva intrique sa construction identitaire aux grands mouvements de l’Histoire. D’un ton juvénile et hachuré — mais néanmoins très rythmé —, elle dépeint une intimité contaminée par la pensée dominante qui cherche à s’en affranchir. Ludique et inspirant, voilà un roman qui envoie en orbite et qui pose les conditions de notre présence sur terre.