Terminus, Nathalie Lagacé

Travailler, c’est trop dur, surtout lorsque, derrière le volant, vous essuyiez quotidiennement les avanies de ce malotru moyen que devient l’usager du transport en commun quand son autobus accuse du retard. Forte d’une expérience que l’on devine traumatisante au sein de la STM, Nathalie Lagacé se déleste d’une amertume nourrie par sept ans d’uniformes ignobles, d’odeurs intolérables et de commentaires acariâtres dans un premier roman, rare appel à la solidarité envers ces vrais-humains-avec-émotions qui traversent anonymement nos journées. Malgré ses considérations conjugales parfois prosaïques et une écriture de type journal intime à l’avenant, Terminus brille grâce à son sujet singulier, largement ignoré par la littérature contemporaine, soit celui du travail et de ce cul-de-sac d’aliénation devant lequel se retrouveront ceux qui ne savent envisager comme conséquence tolérable de nos vies effrénées l’absence de politesse et de compassion envers son prochain. Rappel à tous les détenteurs de cartes Opus : les « Avancez vers l’arrière » du chauffeur ne doivent pas être entendus comme des invitations à la régression mentale.

Terminus

Nathalie Lagacé, Éditions Sémaphore, Montréal, 2016, 111 pages

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